«Des milliers de personnes ont besoin d'une greffe d'organe pour continuer à vivre ou à mieux vivre. Chaque année, le nombre de personnes inscrites sur la liste d'attente croît et le décalage entre le nombre de nouveaux inscrits et le nombre de greffes effectivement réalisées s'accentue. Face à cette inextricable situation, il n'y a qu'une seule solution à même de soulager de la formidable pression à laquelle nous autres chirurgiens faisons face. Je fais allusion au prélèvement sur cadavre.» Ce sont là les propos du Pr Si Ahmed, chef de service chirurgie à l'hôpital Frantz Fanon de Blida, à l'ouverture de la Journée nationale de réflexion sur la transplantation rénale. Pour l'éminent médecin, la demande (s'agissant du rein) est si grande qu'il serait illusoire de prétendre pouvoir régler le problème en comptant uniquement sur le prélèvement sur les personnes encore en vie. Ayant pour thème «la greffe rénale, réalités et espoir», cette journée, entrant dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale du don d'organes, coïncidant avec le 17 octobre de chaque année, a été l'occasion, pour d'éminents spécialistes de la transplantation rénale, de débattre de tout ce qui a trait à ce sujet ô combien sensible. Les différents intervenants ont été unanimes pour dire que la transplantation rénale permet de soulager les 13 000 patients traités en hémodialyse au niveau national. «Ils vivent le calvaire au quotidien. Outre la réduction du coût de la prise en charge, la greffe leur permet une autonomie et une qualité de vie bien meilleures que celles qu'ils avaient par le passé», diront en chœur les spécialistes. Lors de son intervention, le Dr Kestali, néphrologue, s'intéressera à la procédure de préparation du malade, de la prise en charge pour la greffe rénale et du suivi du transplanté. S'agissant du prélèvement sur cadavre, l'intervenant indiquera qu'il se peut que certaines formes de rejet (chez le sujet receveur) se manifestent, notamment lorsqu'il y a présence d'anticorps HLA. Il mettra en évidence le fait que des craintes peuvent apparaître. Ces dernières sont inhérentes aux infections urinaires et nosocomiales ainsi qu'aux complications cardiaques. Mais le moment le plus fort de cette journée d'étude aura été, sans conteste, celui lié aux moyens qu'il y a lieu d'adopter pour faire en sorte que l'appel au prélèvement cadavérique ne reste pas au stade de vœu pieux, mais qu'il se traduise sur la réalité du terrain. D'aucuns, à l'image du Pr Benabadji du CHU Mustapha, insisteront sur le volet psychologique, extrêmement important pour inciter une famille (qui a perdu un des siens) à donner son consentement pour que le prélèvement sur le cadavre se fasse. D'autres, comme le Pr Si Ahmed, axeront sur le volet sensibilisation de la société. «La mosquée, les institutions éducatives et les médias se doivent de jouer le rôle qui leur est dévolu afin que le don d'organes ne soit plus un sujet tabou. Rien ne peut justifier cette réticence, voire cette dérobade à affronter et à débattre de cette question. Même la religion le permet. Dans ce cadre, le fait que l'Arabie saoudite, pays conservateur par excellence, ait opté sur le prélèvement sur cadavre est, à ce sujet, on ne peut plus révélateur», conclura l'éminent professeur. B. L.