«Pour le développement de la greffe rénale à partir du donneur cadavérique.» C'est le slogan choisi par l'association des hémodialysés «Sidi El Kebir» de Blida pour commémorer jeudi dernier la Journée mondiale du rein. La rencontre, à laquelle ont pris part d'éminents spécialistes venus de différentes universités et CHU du pays, a eu lieu au cercle régional de l'ANP. Elle a été l'occasion pour les uns et les autres de débattre d'un sujet très sensible inhérent à la santé publique. A la lumière de données contenues dans un court documentaire à l'assistance, il s'avère que le nombre des insuffisants rénaux en Algérie est de 13 000. A ces derniers, il y a lieu d'ajouter 4 500 nouveaux cas chaque année. 90% de cette frange nécessite une greffe rénale. Prenant le parole, le Pr Si Ahmed, chef du service chirurgie et greffe rénale du CHU Frantz Fanon de Blida, indiquera que les greffes à partir du donneur vivant ne représente que 10% de la demande. La solution ne peut résider que dans le recours au donneur cadavérique «d'autant, tiendra-t-il à le souligner, que la religion et la législation ne s'opposent pas à ce genre de pratique. Il est impératif de mettre en place une stratégie de la greffe à partir d'un donneur cadavérique car même en Europe et si riche que vous soyez, vous n'êtes pas sûr de bénéficier d'un rein car là-bas, la priorité est donnée à la population locale. De nombreuses personnes inscrites sur la liste d'attente sont décédées faute de trouver un donneur». En évoquant le domaine religieux justement, et comme pour emboîter le pas à son prédécesseur, le Dr Bouzidi, président du conseil scientifique de l'université d'Alger, également membre du conseil théologien (medjmaa el fikh) de Djeddah en Arabie saoudite, insistera pour dire haut et fort que la religion ne s'oppose guère à tout ce qui est de nature à rendre service à la collectivité. «La greffe rénale est tolérée pour peu qu'un certain nombre de règles soit respecté. Le défunt cheikh Ahmed Hamani a proclamé en 1985 une fatwa autorisant pareil acte. Ce qui semble paradoxal, c'est que cette fatwa a été appliquée avant nous par la Jordanie et l'Arabie saoudite. Ce n'est qu'en 2001 que la greffe à partir du donneur cadavérique a été pratiquée dans notre pays, à Constantine plus exactement», dira en substance celui que les téléspectateurs ont pour habitude de voir sur le petit écran chaque vendredi à la faveur de l'émission hebdomadaire «Fatawa ala alhawa». Lors d'une intervention fort remarquable, le Pr Rayane, président du Comité national de néphrologie, indiquera qu'à l'heure actuelle les insuffisants rénaux dialysés en Algérie représentent 400 patients par million d'habitants. «Nous nous souhaitons dans les normes internationales, sachant que, pour la France, 800 patients par million d'habitants sont dialysés alors qu'au Japon ce chiffre est de mille patients. Il y a lieu de signaler qu'il y a 10 ans, seulement 100 patients par million d'habitants étaient dialysés dans notre pays. C'est dire tout de même que des efforts ont été déployés en direction du malade», précisera l'orateur. A l'issue des débats, des recommandations ont été prononcées. Celles-ci ont surtout trait à la nécessité de vulgariser à travers les mosquées la fatwa autorisant le prélèvement d'organes à partir de cadavres. En outre, le rôle des mass médias n'a pas été occulté dans la mesure où il est fait appel à la nécessité de la mise en place d'une campagne d'information et de sensibilisation du grand public sur le don d'organe. B. L.