Les spécialistes algériens ont plaidé récemment lors d'une journée nationale sur l'insuffisance rénale et ses traitements à Relizane pour l'élaboration urgente d'un plan national pour les greffes à l'instar de ce qui se passe dans les pays développés. Initiée par la Fédération nationale des insuffisants rénaux (FNIR), cette rencontre scientifique a ainsi réuni plus de 200 praticiens de l'ouest du pays et les associations des insuffisants rénaux du pays. Lors de son intervention, M. Zebar Benrabeh, DG de la CNAS, a rappelé le rôle des organismes de Sécurité sociale dans la prise en charge des insuffisants rénaux et dans la mise en œuvre des moyens au service d'un système de santé protecteur et prévoyant. Il a ajouté que l'enveloppe financière consentie aux établissements de santé dans le cadre du forfait hôpital est de l'ordre de 38 milliards de dinars. De son côté, le président de la FNIR, le Dr Boukheloua, a souligné que cette manifestation vise à informer la société civile à la complexité des traitements de cette maladie mais aussi à sensibiliser les pouvoirs publics à la prise en charge multiforme du malade qui suscite la relance de la transplantation rénale à grande échelle. «Notre objectif est de promouvoir une véritable culture du don et de la solidarité. Il faut insuffler dans le cœur des personnes, et en particulier dans le cœur des jeunes, une reconnaissance authentique et profonde du besoin d'amour fraternel, un amour qui puisse trouver une expression dans la décision de devenir un donneur d'organes», a expliqué le docteur Mustapha Boukheloua. Rappelons que l'insuffisance rénale est un problème de santé publique qui touche 13 000 personnes, avec 4 500 nouveaux cas chaque année. «90% des malades nécessitent une greffe rénale», estiment les spécialistes. Le professeur Si Ahmed, chef du service chirurgie et greffe rénale du CHU Frantz Fanon de Blida, insiste sur la promotion du don d'organe à partir de personnes décédées. Selon lui, «les greffes à partir du donneur vivant ne représentent que 10% de la demande. La solution ne peut résider à ses yeux dans le recours au donneur cadavérique». Il affirmera que la religion et la législation ne s'opposent pas à ce genre de pratique, bien au contraire. Pour ce spécialiste, «il est donc urgent de mettre en place une stratégie de la greffe à partir d'un donneur cadavérique». «De nombreuses personnes inscrites sur la liste d'attente sont décédées faute de trouver un donneur», déplore t-il. Quant au représentant du ministère des Affaires religieuses, il estimera que «la greffe rénale est effectivement tolérée par la religion musulmane pour peu que certaines règles soient respectées». Il rappelle que le défunt cheikh Ahmed Hamani a proclamé en 1985 une fatwa autorisant pareil acte. Ce qui semble paradoxal, c'est que cette fatwa a été appliquée avant nous par la Jordanie et l'Arabie saoudite. Ce n'est qu'en 2001 que la greffe à partir du donneur cadavérique a été pratiquée dans notre pays, à Constantine plus exactement. Le professeur Rayane, président du Comité national de néphrologie, précisera qu'à l'heure actuelle les insuffisants rénaux dialysés en Algérie représentent 400 patients par million d'habitants, sachant qu'en France 800 patients par million d'habitants sont dialysés, alors qu'au Japon ce chiffre est de mille patients. L'orateur précisera qu'il y a 10 ans, seulement 100 patients par million d'habitants étaient dialysés dans notre pays, «ce qui montre que des efforts ont été déployés en direction du malade», dit-il. R. S.