Le lien entre les essais nucléaires français à Reggane et les atteintes de maladies de cancers ont constitué le thème d'une journée scientifique organisée hier à Adrar par l'association Amel d'aide aux cancéreux, en collaboration avec la commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH). Les essais nucléaires effectués par la France coloniale dans le Sahara algérien constituent «des crimes abominables à l'encontre de citoyens algériens, et une violation flagrante des textes et traités internationaux consacrant le principe de préservation des droits de l'homme», indique le président de la CNCPPDH. Parmi les plus graves violations des textes et chartes internationaux, dit-il, l'exposition directe, par la France coloniale, de prisonniers issus de l'Armée de libération nationale (ALN) aux radiations sur le site des explosions nucléaires, ce qui, souligne Me Ksentini, constitue «une flagrante violation de la convention de Genève relative aux prisonniers de guerre et à leur traitement». Le président de la CNCPPDH a ainsi appelé à la conjugaison des efforts de toutes les parties, juristes, médecins et société civile, pour élaborer un dossier complet sur la question, à travers l'ouverture d'un débat approfondi criminalisant le colonisateur français, l'obligeant à reconnaître ses crimes odieux contre les enfants du peuple algérien et le contraignant à leur accorder réparation morale et matérielle. La présidente de l'association Amel, Mme Hamida Kettab, a indiqué que cette rencontre vise à montrer le lien entre les atteintes de cancer et les explosions nucléaires effectuées par la France coloniale il y a 51 ans. Cette rencontre permettra aux professeurs et spécialistes, venus d'Alger, de présenter sur la base de vérités scientifiques les causes du cancer et les effets des radiations nucléaires sur la santé de l'homme et sur l'environnement. Elle sera sanctionnée par l'élaboration d'un document scientifique qui confirme le rapport direct entre l'atteinte de cette grave maladie et les radiations provoquées par les essais nucléaires menés sur le site de Hamoudia à Reggane. «Un recensement précis des cas d'atteinte de cancer et de leurs causes n'est, pour le moment, pas possible, en l'absence de registres des personnes affectées par la maladie», estime Mme Kettab. Le centre anticancéreux qu'envisage de créer le ministère de tutelle dans la wilaya d'Adrar, note-t-elle, aura un rôle important et efficace dans le recensement exact des malades, comme il aura la charge d'aider dans la lutte contre cette pathologie lourde et la prise en charge des malades. Pour le président de la sous-commission des droits de l'homme auprès de la CNCPPDH, M. Layachi Daâdoua, la commémoration de 51e anniversaire de ces essais nucléaires revêtira un caractère particulier, avec la signature de protocoles d'accord de coopération entre différentes parties concernées, pour une prise en charge réelle et adéquate des cancéreux de la région. Ainsi, il a été procédé, en marge de cette rencontre, à la signature d'un protocole d'entente entre l'association du 13 Février 1960 et l'association Amel et d'un autre protocole d'accord entre le Centre Pierre et Marie Curie d'Alger et les centres hospitaliers publics d'Adrar, Reggane et Timimoun portant sur la formation à Alger de médecins et paramédicaux de la wilaya d'Adrar, pour préparer l'encadrement du centre anticancéreux en projet dans la wilaya.