Pour le PDG de Naftal, Saïd Akretch, la forte demande en gaz butane enregistrée depuis le début des perturbations climatiques était imprévue. «L'intensité de l'hiver de cette année a tout consommé en l'espace d'un temps réduit. Tout ce que nous avons préparé s'est avéré insuffisant», a t il reconnu hier sur les ondes de la Chaîne III avant de promettre que cette demande sera résorbée dans les prochains jours. «Les chaînes vont disparaître. Cela est déjà le cas à l'ouest du pays. C'est une situation conjoncturelle», a t il indiqué rappelant la mobilisation de Naftal dans cette situation extrême. «Les moyens sont disponibles mais la demande est énorme. Nous n'avons jamais connu un tel afflux. Nous vendons des quantités énormes. Chose que nous n'avons jamais connue par le passé. Nous vendons 700 000 bombonnes par jour», notera-t-il encore, précisant qu'en temps normal, les points de vente de l'entreprise vendent 300 000 bombonnes, soit moins de la moitié de qui se produit actuellement. En de telles conditions climatiques, Naftal a en effet mobilisé tous ses moyens et même «au-delà des capacités nominales». «La distribution se fait et les gens reçoivent le gaz. Les camions circulent l'un derrière l'autre, les centres enfûteurs travaillent et les dépôts sont alimentés par des moyens de transport de grandes capacités», expliquera M. Aktrech. Comment expliquer alors cette tension ? Pour le premier responsable de Naftal, dont l'entreprise a ouvert ses centres à la vente en détail, cette solution a engendré des problèmes. Deux jours après l'ouverture de ces points au public, les accès des centres enfûteurs ont été bouclés. Cela a freiné leur fonctionnement. Et a contribué, également, au développement de la spéculation, un phénomène que Naftal tente de réduire en mettant à la disposition des consommateurs un numéro de téléphone par lequel elle précisera le prix soutenu par l'Etat. Ce qui n'a pas dissuadé les spéculateurs. Cette situation a poussé Naftal à revoir sa stratégie face à la crise. «Nous avons arrêté et consacré les centres enfûteurs uniquement pour le chargement des camions», a relevé M. Aktrech. Et d'indiquer, dans le même sillage, que les présidents d'APC ont été sollicités pour organiser les opérations localement. «Ils ramassent les bouteilles et les ramènent aux centres enfûteurs. Ils font la distribution par listes. Cela a bien marché», a t il précisé. Ces listes proviennent essentiellement des zones montagneuses. C'est à ce niveau que la demande a fortement augmenté, voire triplé selon la même source qui notera : «Les quantités que nous avons acheminées vers les zones montagneuses dépassent de trois fois les quantités que nous mettons habituellement en hiver.» C'est aussi dans ces régions que les difficultés s'accumulent en termes de distribution. D'où les mouvements de contestations qu'ont connus ces régions. D'où aussi, la spéculation au niveau des points de vente. Ce qui a poussé le ministère de l'Energie à faire appel à la gendarmerie pour réguler la vente, comme l'a souligné le ministre en charge du secteur, Youcef Yousfi, samedi dernier, lors de sa visite au centre eufûteur de Sidi R'zine. Le PDG de Naftal l'a encore rappelé hier : «Les gendarmes sont présents avec nous en permanence parce que les centres de vente ou de production sont envahis par les camions des particuliers. S'il n'y a pas de réglementation de la circulation, ces centres seront bloqués». C'est ce qui se passe en effet à Sidi R'zine où la circulation est des plus denses. Et pour cause, ce centre qui soutient les régions de Boumerdès et de Tizi Ouzou connaît une grande pression. C'est le cas également pour celui de Béjaïa qui dessert la région de Jijel. Par ailleurs, selon les chiffres de Naftal, les Algériens détiennent 22 millions de bombonnes de gaz. En temps normal, un million de bombonnes, seulement, circulent annuellement. Mais cette fois-ci, l'entreprise a été prise au dépourvu, même si son responsable avoue avoir préparé la campagne hivernale en été. «Une mesure que le ministère de l'Energie et des Mines et Naftal adoptent chaque année. Nous préparons nos installations, nos moyens de transport et nos équipes. Nous remplissons nos stocks à leur pleine capacité», a-t-il tenu à expliquer.