De notre correspondant à Montréal Youcef Bendada Le 12ème sommet de la francophonie, qui se tiendra du 17 au 19 octobre à Montréal, capitale provinciale du Québec, doit réunir 70 chefs d'État, dont le président Abdelaziz Bouteflika, et de gouvernement. Manifestement, l'insistance de M. Harper, qui vient d'être réélu Premier ministre du Canada, hier, pour diriger un gouvernement conservateur, il est vrai minoritaire, aura eu gain de cause. En effet, son désir de voir l'Algérie participer à cet important sommet sera exaucé et il pourra s'enorgueillir, à juste raison, de cet exploit que même l'ancien président français, Jacques Chirac, n'a pu réaliser. Cette satisfaction sera sans doute partagée par M. Charest, Premier ministre du Québec, qui avait, rappelons-le, délégué la ministre des Affaires internationales, Mme Gagnon, pour porter une invitation en bonne et due forme au chef de l'État. Cette offensive semble avoir porté ses fruits, alors que les précédentes tentatives avaient tout au plus réussi à faire participer notre pays en qualité d'observateur, d'abord à Beyrouth en 2002 ensuite en Roumanie en 2006. Cette présence au Canada, et au plus haut niveau, peut être considérée comme très significative et pourrait signer l'entrée officielle de notre pays au sein de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF). La présence du chef de l'État à ce sommet serait le signe évident de cette intention, non encore déclarée officiellement. Si, dans le monde, environ 200 millions de personnes parlent français, cette langue se situe au 3ème rang sur le Web avec 5% de pages Internet, après l'anglais (45% et l'allemand 7%). Le nombre des États membres ne cesse de croître pour atteindre 55 États et gouvernements ainsi que 13 pays ayant le statut d'observateurs. Le sommet de la francophonie (ou «conférence des chefs d'État et de gouvernement des pays ayant le français en partage ») réunit les chefs d'État et de gouvernement des pays de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF). Il a lieu tous les deux ans. Il est la plus haute instance de la francophonie. Le sommet des chefs d'État et de gouvernement, la plus haute instance de la francophonie, définit les orientations de la francophonie, adopte toute résolution qu'il juge nécessaire au bon fonctionnement de la francophonie et à la réalisation de ses objectifs, élit le secrétaire général et statue sur l'admission de nouveaux membres de plein droit, de membres associés et de membres observateurs à l'OIF. Différents sujets y seront abordés : politique internationale, économie mondiale, coopération francophone, droits humains, éducation, culture et démocratie. La crise financière, déclenchée aux Etats-Unis sans nul doute, et qui frappe de plein fouet l'ensemble des pays occidentaux, n'épargnant ni les pays émergents ni même ceux du Sud, sera au menu de ce sommet qui sera entouré d'importantes mesures de sécurité et dont un avant-goût a été donné par les responsables lors de démonstrations faites devant les journalistes. En effet, pour ce sommet de la francophonie, les services de police, maintenant aguerris à l'organisation des grands événements (sommet du G8 en 2002, concerts de Paul Mc Cartney et de Céline Dion cet été qui ont attiré chacun plus de 200 000 spectateurs), sont déjà prêts à faire face à toute situation. Les corps de police, la Sûreté du Québec, la GRC (Gendarmerie du Canada) ainsi que le service de police de la ville du Québec assureront avec la plus grande efficacité la sécurité des chefs d'État et de gouvernement durant cette fin de semaine qui verra également la présence de plus de 2 000 délégués et de pas moins de 700 journalistes. Ce sommet de la francophonie vient couronner une année exceptionnelle qui voit la capitale provinciale du Québec terminer son cycle de réjouissance marquant le 400ème anniversaire de la fondation de cette ville classée, à juste raison, comme patrimoine de l'Unesco, tant elle fait l'objet d'attentions de la part des gestionnaires de ce joyau architectural et patrimonial. Un seul point noir ayant terni quelque peu la réputation du Canada, il y a deux ans, mérite d'être gommé, effacé des mémoires : l'affront fait au grand Abdou Diouf, secrétaire général de l'OIF, qu'un douanier zélé avait traité comme un vulgaire visiteur en lui faisant subir une fouille au corps mesquine, ignoble et inconvenante. Le sage Diouf, s'il s'en est un peu offusqué, avait gardé son sourire légendaire et s'était prêté à l'exercice. Le gouvernement du Canada a une dette envers lui et lui doit une réparation digne de son rang.