Synthèse par Sihem Ammour Dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance nationale, le Centre culturel algérien (CCA) de Paris a inauguré, mercredi passé, en présence d'un nombreux public, une exposition de photographies mettant à l'honneur la Casbah d'Alger. La particularité de cette exposition, dédiée à l'antique citadelle, est qu'elle regroupe une sélection de photographies prises il y a plus de cinquante ans. Ainsi, il est souligné dans la présentation de cette exposition que «La cinquantaine de photos en noir et blanc sélectionnées dévoilent le tissu architectural de la Casbah fait de terrasses et de dédales escarpés, vie grouillante le jour et ville déserte la nuit, tapie sous le couvre-feu et témoignent sur l'histoire d'une tranche de vie de cette cité durant la guerre d'Algérie sous un aspect en apparence calme» rapporte l'APS. Parmi les clichés présentés, les visiteurs peuvent ainsi découvrir des photos de la rue des Abderames (Zenket Sidi Mohammed Ech Cherif) marquée par le dynamitage par les paras de Massu de la cache des martyrs Ali-la-Pointe et Hassiba Benbouali, la Fontaine Malakoff, le marché Randon avec des militaires en patrouille, la rue Sidi Abdallah ou la rue des Bouchers, Zenket Es-Sebbaghin et la rue des Vandales. Il a été expliqué aux nombreux visiteurs que les auteurs de cette riche collection sont deux appelés français, Yves Robert, aujourd'hui décédé, et Alain Gedovieus, le premier photographe et le second cinéaste, tous deux au service Cinéma des armées françaises. Yves Robert et Alain Gedovieus avaient ainsi consacré leur temps libre entre 1956 et 1960, à arpenter les ruelles, inventorier les maisons, les patios, les impasses, les cimetières et les mosquées pour immortaliser le cœur historique de la capitale, durant la guerre de libération nationale. A l'origine, les photographies, soit prés de 900 clichés, devaient être destinées à l'illustration d'un ouvrage publié en Algérie aux éditions Baconnier, c'est dans ce cadre que les deux photographes opéraient en civil en pleine guerre, sans armes et sans escorte. Ce n'est que grâce à l'amitié de deux natifs de la casbah qui se sont porté garants de l'honnêteté de leurs intentions, qu'ils ont pu effectuer sereinement leur travail même dans les endroits les plus dangereux. Les photos de nuit quant à elles, ont été réalisées dans un but précis, dans la mesure où dans la journée à la Casbah, il était absolument impossible de photographier des façades, des portes des maisons, sans être surveillé. C'est en bénéficiant du couvre-feu, que les photos de nuit ont permis de photographier des rues désertes et de mettre en valeur les détails d'architecture que les auteurs ont souhaité nous révéler. Alain Génovines, présent au vernissage de l'exposition a confié à l'APS : «Nos supérieurs n'ont jamais été au courant de nos expéditions, car nous n'avions pas du tout besoin de les informer, le service cinéma des armées était un service libre, nous disposions de beaucoup de temps et la découverte de la Casbah nous a occupés»