Le Théâtre national d'Alger Mahieddine Bachtarzi a accueilli sur ses planches, pour la soirée de mardi dernier, la troupe du Théâtre régional de Béjaïa (TRB) qui a présenté sa pièce El Takrir (le Rapport). Mise en scène par Ahmed Khoudri et adaptée par Omar Fetmouche d'un texte de Vaclav Havel, vice-président tchèque, la pièce, en compétition au 3ème Festival national du théâtre professionnel, aborde la problématique de la langue. Le rideau se lève sur un décor représentant une administration, deux bureaux bien lumineux. D'emblée, les comédiens nous plongent dans le vif du sujet. Le directeur reçoit un rapport qu'il ne peut pas lire, car écrit dans une langue qu'il ne maîtrise pas, «El Tartouria». Cette langue n'est maîtrisée que par quelques employés, lesquels ont reçu des instructions de ne pas traduire le rapport pour obliger tout le monde à maîtriser cette nouvelle langue et, ainsi, déstabiliser le directeur et ses collaborateurs. Les initiateurs prétendent que le nouveau langage facilite le travail administratif, mais en réalité c'est tout le contraire, il a entraîné plus de complexité au point que le directeur frappe à toutes les portes de ses collaborateurs et ne constate que la médiocrité et la négligence. Impuissant face aux inventeurs d'«El Tartouria», le directeur perd petit à petit son autorité et les employés finissent par imposer leur loi. Mais la médiocrité atteint ses limites et «El Tartouria» finit par montrer ses défaillances et ses lacunes, ce qui n'empêchera pas le personnel, la société, de persister dans sa volonté de disqualifier le chef. Le rideau tombe sur un tabkaw ala kheir (au revoir). On relèvera dans le Rapport la qualité du jeu et de l'interprétation des comédiens ainsi qu'un très bon usage des effets sonores et lumineux dans la scénographie. A noter également la bonne interaction entre les comédiens qui ont bien incarné leurs rôles. Selon Omar Fetmouche, le choix du texte de l'actuel vice-président tchèque et l'un des éminents dramaturges, Vaclav Havel, s'explique par ses similitudes frappantes avec la réalité algérienne, d'une part, et la volonté de se démarquer des textes traditionnels, d'autre part. Le metteur en scène de El Takrir a associé dans sa distribution des étudiants de l'Institut des arts dramatiques de Bordj El Kiffan et des comédiens professionnels. La pièce a eu un bon écho chez le public, même si on retient l'absence des fiches de présentation de la pièce, que de nombreux spectateurs ont demandées. Un autre point négatif à corriger. T. L.