Le phénomène de la harga (émigration clandestine), des immolations et du mal-vivre chez les jeunes ont constitué le thème majeur du colloque international organisé à Alger par l'association pour l'aide, la recherche et le perfectionnement en psychologie Sarp, en collaboration avec le représentant de la chaire Unesco «Abord de la violence pour l'Algérie».Plusieurs spécialistes et éminents chercheurs nationaux et étrangers ont participé, deux jours durant, aux travaux de cet important conclave scientifique. Des organismes comme les Directions de l'action sociale (DAS), l'Agence de développement social (ADS), qui comptent des sociologues et des psychologues, ont également pris part aux travaux de ce colloque. Placée sous le thème «Jeunes entre malaise et projet de vie», la rencontre se voulait une réflexion et une ébauche autour de ces phénomènes du 21ème siècle qui taraudent une jeunesse désœuvrée dans les pays en voie de développement et dans le monde arabe, en particulier. Le cas du jeune Bouâzizi qui a été le catalyseur de la révolution du Jasmin en Tunisie, a été décortiqué par deux psychologues tunisiens de l'Urpc, Fshs Tunis et Issep Kef, à travers une communication intitulée «Trauma et créativité chez les jeunes Tunisiens pendant la révolution». Pour sa part, la clinicienne Lamia Benamsili de l'université de Béjaïa a présenté une communication autour du printemps noir de Kabylie intitulée «Kabylie : Traumatisme intentionnel d'une jeunesse en désespoir d'être». S'agissant de la harga, plusieurs communications ont tenté de disséquer ce phénomène social inquiétant. Hallouma Chérif de l'université d'Oran a présenté une communication intitulée «Partir et le principe du meurs et deviens» dans laquelle elle a expliqué l'étendue du phénomène, tout en refusant de le cantonner aux seules raisons socio-économiques. Sylvie Dutertre, psychologue clinicienne et chargée de cours à l'université de Provence en France, a, elle, abordé le thème «Réflexions sur une pratique clinique auprès de jeunes haraga», à partir d'une expérience de prise en charge des jeunes haraga dans un centre d'accueil à Marseille. Les spécialistes ont été unanimes à considérer que le temps a été insuffisant pour décortiquer des phénomènes sociaux aussi complexes et aussi importants que la harga et les immolations.Dans ce contexte, la communication «Risquer sa vie comme seule perspective de réalisation de soi» du docteur Noureddine Khaled de l'université d'Alger a été très intéressante, en ce sens qu'elle a mis en relief la détresse et le mal-vivre des jeunes sans perspectives et sans projet d'avenir. D'autres encore ont également abordé le phénomène à travers les violences dans les stades ou encore les jeunes en désespoir à travers les écrits de la presse «Faits divers ou effets pervers ?». La communication du sociologue, maître de recherche au Cread, Mohamed Saïb Musette a quelque peu bouleversé les donnes. Sa conférence «La nouvelle jeunesse algérienne : Un acteur social en devenir» a eu le mérite de relancer les débats et réorienter la réflexion sur le renouveau et la réincarnation d'une jeunesse en constante évolution et mutation ainsi que les potentialités de la jeunesse algérienne dans le cadre d'une mise en condition, c'est-à-dire son intégration sociale à travers l'emploi et les commodités sociales minimales. M. O.