Hassiba Cherabta est la présidente de la Sarp. Dans cet entretien, elle s'exprime sur les conséquences de la nouvelle loi sur les associations, sur les populations les plus fragiles. Liberté : Cette année, la Sarp organise un colloque international de 2 jours intitulé “Jeunes, entre malaise de vie et projet de vie”. Pourquoi le choix d'un tel thème ? Mme H. Cherabta : La Sarp organise chaque année un colloque sur un thème précis. En 2009, le thème était “Masculin-féminin”, c'est-à-dire le vécu des femmes comparé à celui des hommes, face à des problèmes divers de la vie. Cette fois-ci, c'est le thème des jeunes qui ont défrayé la chronique, ces dernières années, avec des comportements problématiques qui interpellent la société en général et les psychologues en particulier : la harga, l'immolation par le feu, l'émeute. En outre, nous rencontrons de plus en plus dans nos consultations des jeunes qui n'arrivent pas à s'en sortir et souffrent sur le plan psychologique et social. Sur toutes ces questions, l'équipe de la Sarp a fait des études et initié des réflexions que nous partageons avec des collègues des sciences sociales, notamment les psychologues, les psychanalystes, les anthropologues, les sociologues, etc. Comment ces thèmes inscrits à ce colloque se sont-ils exprimés sur le terrain de la prise en charge psychologique ? Nous avons réalisé une grande recherche assez importante sur le phénomène des harragas, nous avons obtenu des résultats qui nous montrent le profil psychologique et social de ces jeunes harragas, ainsi que leurs motivations. Sur le phénomène immolation par le feu, certains collègues ont initié des réflexions. Dans ce colloque, nous invitons aussi des chercheurs et praticiens d'autres disciplines pour nous donner le fruit de leurs expériences. Nous ne travaillons pas seulement dans nos cabinets de consultation, mais aussi sur le terrain. Nous rencontrons régulièrement des jeunes concernés par ces phénomènes, qui nous donnent leurs avis et nous expliquent leurs motivations. Quant aux réseaux, nous les pratiquons depuis très longtemps, puisque nous travaillons en partenariat avec aussi bien les structures étatiques que les associations nationales et internationales… Il sera question également du Printemps arabe. Est-il juste de parler de son impact sur la jeunesse algérienne ? C'est l'un des thèmes qui sera traité par notre collègue tunisien, qui va s'appuyer sur une analyse psychologique des jeunes à partir de l'expérience de son pays. Le colloque international sera l'occasion de réunir des professionnels algériens et étrangers. De qui s'agit-il ? Il s'agit de psychologues de la Sarp, d'universitaires psychologues, psychosociologues et sociologues algériens (université d'Alger, Cread, université d'Oran), de psychologues tunisiens, de psychologues et psychanalystes français. Une dernière question : quel est votre avis sur la nouvelle loi sur les associations ? Les dispositions relatives au soutien financier extérieur posent-elles problème à la Sarp ? La nouvelle loi sur les associations est très contraignante. D'un côté, les structures étatiques de notre pays, bien qu'elles fassent appel à notre expertise dans certains cas, ne nous aident pas financièrement ; de l'autre côté, avec cette loi, les décideurs dans notre pays ne nous laissent pas nous débrouiller. Nous allons forcément avoir plus de difficultés qu'auparavant, ce qui nous obligera certainement à restreindre nos activités et, du coup, nous sanctionnerons les personnes les plus fragiles que nous avons l'habitude d'aider gratuitement. Au centre de la Sarp de Sidi-Moussa, toutes les prestations envers la population et notamment auprès des personnes les plus démunies et les plus en détresse ne pourront plus continuer si ces mesures sont appliquées. H. A.