Pour les sp�cialistes de la Soci�t� alg�rienne de recherche en psychologie (SARP), les ph�nom�nes de l��meute, la harga, l�immolation et le suicide marquent les trajectoires de vie des jeunes Alg�riens. Pour Mme Cherifa Bouatta, psychologue, �si la loi est appliqu�e en ne prenant pas en consid�ration les citoyens, elle devient une loi perverse qui a pour objet de r�primer les jeunes. Ils ont alors deux recours : soit se r�volter, soit se d�truire�. F.-Zohra B. - Alger (Le Soir) - La multiplication des cas de r�volte et d�immolation, traduisant un malaise de vie de la jeunesse alg�rienne, a suscit� l�int�r�t des chercheurs de la SARP qui s�interrogent sur le sort � donner � �cette mort de soi�. En dehors des consid�rations politiques et �conomiques, la SARP a voulu contribuer � �claircir le ph�nom�ne et tenter quelques hypoth�ses qui proposent une articulation entre les registres psychique et social. Lors du colloque organis�, hier, sur le th�me �Jeunes entre malaise de vie et projets de vie�, les psychologues se sont succ�d� pour apporter un �clairage concernant ces ph�nom�nes. �Le Printemps arabe a commenc� par une atteinte � un corps, un Tunisien a d�cid� de mettre fin � ses jours, il s�est suicid� en s�immolant : un acte violent, agressif voire masochiste�, d�clarent les intervenants. Par ailleurs, Lamia Benamsili, psychologue clinicienne, notera que �chaque soci�t� entretient un rapport avec la violence qui lui est propre selon son histoire et sa culture, et le cas alg�rien le confirme chaque jour�. Pour le docteur Noureddine Khaled, de l�universit� d�Alger, et membre de la SARP, �l�aventure de la harga� vers l�Europe, telle qu�elle est tent�e par de jeunes Alg�riens, parfois encore mineurs sur des embarcations de fortune, �s�me la stupeur dans la soci�t� par l�ampleur qu�elle prend et surtout par les risques inconsid�r�s qu�elle comporte malgr� les dizaines de morts par noyade et autant de disparus. Ce ph�nom�ne ne cesse de s�amplifier au point de devenir une caract�ristique identitaire de la jeunesse du sud de la M�diterran�e (Maghr�bins et Sud-Sahariens)�. Pour le chercheur, croire que la harga est un acte de d�sespoir est tr�s r�ducteur, il pr�cisera de ce fait que cela repr�sente l�une des rares possibilit�s qui restent � certains jeunes pour construire leur identit� et tenter de se r�aliser en tant qu�hommes. �En ce sens, ce n�est pas un mouvement destructeur malgr� les risques de la mort qui les guettent mais une tentative extr�me de r�alisation de soi�, souligne Noureddine Khaled qui se base sur une �tude men�e � la SARP sur les mineurs candidats au d�part vers l�Europe. Les jeunes vivent un malaise et sont l�objet de m�pris Pour Mlle Hassiba Cherabta, pr�sidente de la SARP, les changements dans le monde arabe, notamment, renvoient � des jeunes en souffrance et n�ont plus de rep�res. Pour l�intervenante, il s�agit de s�int�resser � la situation de ces jeunes pour qu�ils puissent r�aliser des projets de vie. Pour sa part, Mme Cherifa Bouatta, psychologue, et membre du comit� scientifique de la SARP, pr�cisera que si les psychologues n�ont pas de solutions pr�tes � l�emploi, ils identifient un malaise et le m�pris dont sont l�objet les jeunes. Elle notera que le m�pris et l�humiliation proviennent de la loi qui, si elle est appliqu�e en ne prenant pas en consid�ration les citoyens et les jeunes en particulier, elle devient une loi perverse qui a pour objet de r�primer les jeunes. �La loi ne reconna�t pas les revendications des jeunes, leur identit� en tant que citoyens, il leur reste donc deux solutions, soit se r�volter, soit se d�truire�. Pour Mme Bouatta, s�agissant de la r�volte, il reste aux jeunes la possibilit� de survie et ils ont encore des forces psychiques, pour la question de l�immolation, notamment les sujets, dans ce cas, sont plus fragiles et la seule issue pour eux est l�autodestruction. �Il se tue en s�immolant, il se dit ainsi moi aussi je suis capable de te faire quelque chose � toi qui me pers�cute �, explique la psychologue.