«Nous n'avons pas de comités de supporters dignes de ce nom. Une association de supporters doit être indépendante et ne viser que le bien-être du club. Or, à Oran comme à Alger, Constantine ou ailleurs, les comités de supporters sont souvent dirigés par le président du club lui-même, et n'ont aucune possibilité d'influer sur l'avenir de leur club.» Le constat est fait par un journaliste sportif qui côtoie les coulisses du football oranais depuis de longues années. Pour lui, à moins d'être complètement indépendant et de bénéficier d'un statut clair et précis, le comité de supporters ne pourra jamais jouer son rôle, de surcroît dans «l'univers délétère du football algérien d'aujourd'hui.» Au MCO comme à l'ASMO, les comités ne jouent pas leur rôle de fédérateurs et d'encadreurs, «et ne sont même pas connus des supporters», précise sans rire notre interlocuteur comme pour insister sur l'aberration de la situation : «Il y a longtemps, les supporters connaissaient au moins un ou deux personnes comme étant membres du comité des supporters. Allez, aujourd'hui, demander aux jeunes supporters (d'ailleurs de moins en moins nombreux) de tel ou tel club s'ils connaissent les membres de leur comité !» Pour évoquer le rôle attendu d'une association de supporters, notre journaliste se réfère (évidemment !) aux comités de supporters des clubs étrangers, leaders du football mondial, comme l'espagnol Real Madrid, l'anglais Manchester United ou encore l'allemand Bayern Munich : «Chez eux, le comité de supporters est un peu l'opposition en politique. Il est là pour canaliser les supporters, organiser la billetterie, participer à la lutte contre la violence… mais il surveille aussi les agissements des dirigeants des clubs. Lorsqu'il apparaît qu'une stratégie ou une politique ne sert pas les intérêts du club ou que des supporters sont lésés, le comité peut s'élever et dire stop.» C'est le cas du Manchester United qui, en 1995, a vu la naissance du comité de supporters IMUSA pour dénoncer le fait qu'avant un match contre Arsenal, des supporters avaient été instruits par la direction du club de rester assis dans leur tribune, sous peine d'être expulsés. Quelques jours après, une dizaine d'aficionados parmi les plus connus parviennent à organiser une réunion publique de quelques centaines de supporters et font valoir leurs désir et droit de créer un comité. «Aujourd'hui, IMUSA est soutenu par des médias et joue un rôle actif dans l'environnement du club, continue notre journaliste. Ce comité a, notamment, réussi à devenir un interlocuteur incontournable dans la vie du club.» Il est vrai que les comités de supporters européens sont régis par des textes et des chartes explicites, qu'ils disposent d'un statut et qu'ils évoluent dans un véritable environnement footballistique. Contrairement à l'Algérie dont le football a atteint une déliquescence avancée dont on ne sait s'il en sortira un jour ou non.