Au fil du temps, les derbys sont devenus un problème pour les autorités footballistiques et sécuritaires ainsi que pour les clubs eux-mêmes. L'organisation de ces matches se pose avec beaucoup plus d'acuité pour la capitale, où il n'y a pas assez de stades pouvant abriter de telles rencontres, notamment depuis la saison dernière, suite à la longue période de fermeture du stade du 5 Juillet. En plus des polémiques qui précèdent souvent ce genre de rencontres, ils courent le risque de débordement ou de dérapage . Donc, à la veille de chaque derby, c'est toute une machine qui se met en branle, tant au niveau organisationnel que sécuritaire. Au début de cette saison, le stade du 5 Juillet étant fermé, les responsables de la Ligue nationale de football (LNF) avaient pris la décision de ne faire jouer les derbys algérois que dans les enceintes sportives ayant une capacité supérieure à 10 000 supporters. Sachant que ce genre de matches attire généralement les foules, il fallait exclure les «petits» stades, à l'exemple de Zioui (Hussein Dey). Et c'est dans ce sens qu'est née la polémique autour de la rencontre entre le Mouloudia d'Alger et l'USM Alger, comptant pour la septième journée du championnat, qui devait avoir lieu le 25 septembre dernier avant d'être reportée sine die. Pour rappel, la Ligue nationale avait domicilié ce match au stade du 20-Août mais les dirigeants du MCA n'avaient pas accepté et ont proposé pour leur part le stade de Koléa où ils ont déjà joué quelques matches par le passé. Seulement, la LNF a logiquement refusée cette domiciliation puisque le stade de Koléa a une capacité de moins de 10 000 supporteurs. Le match a donc été maintenu au stade du 20-Août. Jusque-là, les uns et les autres pensaient que cette polémique entrait toujours dans le cadre de la tension et des pressions qui existent autour de ce genre de matches. Seulement voilà, à deux jours du match, la LNF publie sur son site Internet le communiqué suivant : «Appuyant la décision prise par la commission de sécurité de la circonscription de Hussein Dey de ne pas faire jouer la rencontre MCA-USMA au stade du 20-Août, le wali d'Alger, par message adressé ce jour à la LNF, insiste pour préserver l'ordre et la tranquillité publics de ne pas domicilier ce match au stade du 20-Août 1955 et de le transférer au niveau d'un autre stade offrant plus de garanties de sécurité. Considérant ce qui précède, la LNF est contrainte de reporter à une date ultérieure la programmation du match en cause». Bien évidemment, les dirigeants usmistes, dont l'effectif était au moment des faits, et même aujourd'hui, dans de meilleurs dispositions psychologiques que leurs adversaires, ont protesté contre ce qu'ils ont appelé «une volonté délibérée des Mouloudéens de ne pas faire jouer cette rencontre à cette date et d'attendre jusqu'à ce que leur équipe tourne mieux». Le président de l'USMA, Saïd Allik s'est même demandé si le wali délégué de la circonscription administrative de Hussein Dey agirait de la même manière à l'occasion des autres derbys chauds qui se joueront au stade du 20-Août. C'est dire que gérer ce genre de matches, quand il n'y a pas ou qu'il y a peu de stades qui disposent de toutes les commodités sur les plans organisationnel et sécuritaire, est une mission très délicate et difficile, quoique, il faut le dire, nos services de sécurité aient toujours réussi à éviter tout débordement lors des derbys. Eviter les débordements On se souvient, la saison dernière, au mois de mai de l'année en cours, de toute la tension qu'il y avait autour du match de division deux opposant, au stade-Benhaddad de Kouba, le RCK à l'USMH. Une rencontre dont l'enjeu était l'accession en division une. Une tension qui avait atteint son paroxysme plusieurs jours déjà avant la rencontre au point que le jour du match, les riverains du stade-Benhaddad ont même quitté leur domicile de peur des émeutes et manifestations violentes. Le jour J, il n'en fut rien. Bien évidemment, un dispositif sécuritaire impressionnant avait été déployé. Des milliers de policiers, certains en tenue avec matraque, d'autres en civil, mêlés à la foule. Toute la ville de Kouba était bouclée. A la sortie du stade, les supporters d'El Harrach avaient été escortés jusqu'à la sortie de la ville. Pas un seul incident n'a eu lieu. Même chose pour toutes les autres rencontres à risques. Il est clair que les services de sécurité ont le droit d'émettre un avis de délocaliser une rencontre donnée s'ils considèrent que sa programmation dans tel ou tel autre stade peut conduire à des incidents. Cela pour les matches de la capitale. Concernant les derbys chauds des autres wilayas ou régions, à l'exemple des matches JSK-JSMB, CSC-MOC qui a eu lieu jeudi dernier, MCO-ASMO, pour ne citer que ceux-là, la même mobilisation des services de sécurité et des autorités footballistiques et locales est à relever. Des matches qui se terminent souvent sans incidents graves puisqu'il y a toujours un «énergumène» qui s'emporte par-ci ou un projectile qui est jeté par-là. En plus de cela, dans les autres wilayas ou régions, souvent il n'y a pas de problème de stade. Que ce soit à Oran ou Constantine, il y a des enceintes sportives ayant une grande capacité, ce qui permet aux services de sécurité et autres d'être plus efficaces. Ce qui n'est pas le cas actuellement de l'Algérois. Il est clair que, dans une rencontre qui attire les foules, il est primordial que le stade soit d'une capacité d'accueil assez élevée. Ces derniers temps, il y a même des communes qui n'acceptent pas que leurs stades abritent des matches à risques. L'autre problème auquel est confronté notre football, notamment quand il s'agit de ce genre de rencontres, c'est l'absence de sensibilisation des supporteurs des différents clubs. Souvent, la passion l'emporte même chez les dirigeants qui s'adonnent à des déclarations incendiaires alors que normalement c'est eux qui sont censés calmer les ardeurs. De plus, il n'y a plus de clubs disposant d'un «tissu» de comités de supporters susceptibles d'encadrer les foules. Ces dernières sont, généralement, livrées à elles-mêmes. Actuellement, où la logique du hooliganisme fait rage dans notre sport roi – des supporters qui se déchaînaient au moindre faux pas de leur club comme si celui-ci n'était pas censé perdre des matches – l'organisation au niveau des galeries est plus que jamais nécessaire pour éviter, ou du moins, faire baisser le risque de dérapage. Il y a quelques initiatives au niveau des supporters de certains clubs comme le MCA, l'USMA ou la JSK, qui ont a des comités de supporters, mais souvent leur influence sur le comportement des tribunes est vraiment circonscrite. Comment peut-on envoyer des centaines et parfois des milliers de supporteurs d'une wilaya ou d'une région à une autre sans le moindre encadrement ? Il est clair que, dans pareil cas, le risque que des incidents se produisent est grand. La solution réside donc inéluctablement dans la sensibilisation des supporteurs et l'organisation par le biais de comités, avec l'aide bien évidemment des responsables des clubs. Sous d'autres cieux, les comités de supporteurs, maîtrisant tellement la chose, aident même les autorités locales à maintenir l'ordre dans la ville lorsqu'il y a des manifestations en tout genre ou même des émeutes. En tout cas, heureusement que les services de sécurité arrivent quand même à maîtriser ce genre d'événements. A. A.