Sans pour autant aller jusqu'à dire que l'état des stades algériens est la cause de la recrudescence de la violence en football, il est néanmoins utile de relever que la manière dont ceux-ci sont conçus, s'agissant particulièrement de l'absence de toutes les commodités en leur sein, du moins en ce qui concerne une grande partie d'entre eux, influe négativement sur le comportement des supporters qui assistent à un match de championnat ou autre. En fait, la majorité de ces stades ne dispose pas d'installations annexes appropriées pour ce genre d'événements. Récemment, lors d'une réunion du Comité interministériel pour la lutte contre la violence dans les enceintes sportives, plusieurs directeurs de l'Office des parcs omnisports de wilaya (OPOW) ont indiqué que les structures qu'ils dirigent ne répondent pas aux normes minimales de sécurité. Un des intervenants a indiqué que le complexe qu'il gère, en l'occurrence celui de Guelma, inauguré en 1986, «ne dispose que d'un seul accès réservé au public», ce qui rend la mission des organisateurs des matches difficile quant à l'évacuation des supporters, notamment lors de la survenue d'échauffourées à l'intérieur de cette infrastructure sportive. Une donne qui doit normalement être prise en compte par les concepteurs de ces structures, d'autant que, sous d'autres cieux, les stades sont bâtis de sorte à pouvoir faire sortir des dizaines de milliers de supporters en quelques minutes seulement. A ce propos, il y a lieu de citer en exemple le «Camp Nou», stade du club espagnol FC Barcelone, qui peut contenir 98 934 personnes (sièges), où «le public peut accéder à l'intérieur du stade par 107 portes et peut être évacué en moins de cinq minutes», ce qui est en soi un record. Même chose pour le Stade de France, inauguré en 1998, qui peut contenir 80 000 personnes, lesquelles peuvent également être évacuées en quelques minutes seulement. Donc, la multiplication des accès à un stade est un élément de réponse très important, s'agissant de la canalisation du public. D'ailleurs, cela a été clairement indiqué dans les recommandations de ce comité de lutte contre la violence. Il est vrai que dans certains cas, chose relevée à maintes reprises par les médias, des directeurs de stade refusent d'ouvrir toutes les portes, certains évoquant le manque d'effectifs, – ouvrir toutes les portes nécessite une mobilisation de beaucoup plus d'employés – mais d'autres sans aucune raison valable si ce n'est un manque d'expérience ou de lucidité et de clairvoyance. Seulement, ce qui est le plus grave -le problème ne pourra être solutionné qu'en apportant des réaménagements architecturaux à ces enceintes sportives -, ce sont ces stades qui ont été conçus avec un nombre très réduit de portes. Comment y remédier ? Même les services de sécurité éprouvent d'énormes difficultés, dans ces cas-là, à intervenir lorsque surviennent des incidents. La même chose peut être dite quand il faut évacuer les supporters ou l'équipe adverse. C'est dire que, souvent, la mission est des plus pénibles pour les agents de l'ordre dans ce type de stades. L'autre aspect pouvant également être cité comme étant un facteur «d'énervement» des supporters, ce sont ces longues files d'attente pour l'achat d'un billet d'entrée au stade. Parfois, les services de sécurité sont obligés d'intervenir pour faire régner l'ordre. Cela, bien évidemment, avant le début d'un match. La meilleure solution, de l'avis de plusieurs spécialistes, notamment ceux du comité de lutte contre la violence, c'est de vendre ces billets avant le jour du match. Mais là, un autre problème se pose. C'est celui de la falsification de ces mêmes billets. Dans la majorité des cas, les responsables des stades préfèrent mettre à la disposition du public, ces billets, le jour du match, pour ne pas permettre aux «falsificateurs» d'avoir assez de temps pour «fabriquer» des copies et les écouler sur le marché. Un imbroglio très difficile à gérer sans l'aide de l'administration fiscale. Il y a beaucoup d'autres aspects relatifs à l'organisation des matches qui ont également été relevés par ce comité. On peut citer, entre autres, l'absence de commodités à l'intérieur des stades, comme les buvettes ou les sanitaires. Le supporter, venu pour passer d'agréables moments, se retrouve, dans une grande majorité de stades, dans une situation de stress. Là encore, certains responsables préfèrent ne pas vendre de boissons et autres pour éviter, au moindre couac d'une équipe ou de l'autre, que toutes les bouteilles ne se retrouvent sur la pelouse. Il est clair, donc, que le problème est très complexe et ne relève pas seulement de l'organisation à l'intérieur ou en dehors des stades. L'état de notre football, d'une manière générale, est la cause de la multiplication des incidents violents. La mauvaise prestation des équipes, le mauvais arbitrage, l'absence de talent chez les joueurs ou les accusations récurrentes de corruption sont autant de facteurs qui font monter la tension. Mais, on peut dire qu'avec une meilleure organisation à l'intérieur des stades, les uns et les autres arriveront, quand même, à amoindrir, un tant soit peu, les dégâts occasionnés par quelques incidents. A. A. Faut-il fermer quelques stades ? Plusieurs stades, surtout dans la capitale, ne sont plus dans les normes pour abriter des matches de grande importance ou opposant des clubs rivaux. Ne pouvant contenir que quelques milliers de supporters, comme c'est le cas de ceux d'El Harrach, d'Hussein Dey ou de Kouba, pour ne citer que ceux-là, ces infrastructures sont devenues de véritables «traquenards» où peuvent se produire des incidents très violents à la moindre étincelle. N'étant pas dotés de plusieurs portes d'accès, desquelles peuvent également être évacués les supporters, en plus d'une absence criante de commodités pour les spectateurs, ces stades ne devraient plus, normalement, abriter de matches de première, ou même de seconde division. Bien évidemment, le problème du manque d'infrastructures sportives fait que les autorités compétentes font avec, mais, quelquefois, cela devient une véritable «aventure». D'ailleurs, à l'actuelle saison, afin d'éviter des situations assez difficile à gérer, les responsables de la Ligue nationale de football (LNF) avaient décidé, avant l'entame du championnat, que les derbys algérois ne devaient avoir lieu que dans des stades pouvant contenir plus de 10 000 spectateurs. Mais le problème n'a pas pour autant été réglé. Le stade du 20 Août, à Belouizdad, ou celui de Omar Hamadi, à Bologhine, autorisés à abriter ce genre de rencontres, sont-ils pour autant «conformes» ? Il est clair que ce n'est pas le cas. Seul le stade du 5 Juillet répond à toutes les conditions en matière de sécurité (celui-ci devrait rouvrir ses portes d'ici un mois et demi, selon des sources). Pour le reste, le ministère de la Jeunesse et des Sports a prévu de construire deux grands stades dans la capitale, l'un à Baraki et l'autre à Douéra, pour remédier à ce manque. D'ici là, la LNF devra se «débrouiller» comme elle le peut pour domicilier les matches à risque. Seulement parfois, même les autorités locales, ne disposant pas de stades d'envergure, refusent de faire jouer certains matches dans leur commune. On l'a vu, il y a plusieurs semaines, la wali délégué de la circonscription administrative de Hussein Dey avait émis un niet catégorique, suite à des rapports des services de sécurité, pour abriter le match MCA-USMA au stade du 20 Août. La rencontre ne s'est toujours pas jouée jusqu'à maintenant. C'est dire que le problème des infrastructures sportives va en s'aggravant… A. A.