Photo : S. Zoheir Par Samira Imadalou «Les pistes d'une transition vers la formalisation», est le thème du colloque international qu'organise aujourd'hui le ministère du Commerce en partenariat avec le Cercle de réflexion autour de l'entreprise (Care). Cette rencontre de haut niveau accueille le Péruvien Hernando De Soto, une sommité mondiale sur la question de l'intégration des intervenants informels dans les sphères formelles de production, d'importation et de distribution. De Soto est en effet connu pour être l'un des principaux adeptes de cette approche au niveau mondial. Le colloque, qui sera inauguré par le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, combinera les expertises des pays voisins, du monde et des universitaires algériens. Les participants aborderont plusieurs questions liées justement aux moyens d'intégrer l'informel dans le circuit formel et sur les raisons de la propagation de ce phénomène. Pourquoi des entreprises préfèrent la précarité de la zone hors loi à la formalisation ? Le niveau des coûts de transaction dans un pays a-t-il une incidence sur le choix d'aller vers l'informel ? Comment amener les acteurs de l'informel à opter pour un retour vers l'économie institutionnelle ? Quel est le bilan des politiques d'intégration menées ailleurs dans ce but ? Comment les pouvoirs publics ont-ils conduit, en Algérie, la transition vers la formalisation ? Ce sont autant de questions inscrites au menu de cette rencontre qui intervient dans une conjoncture marquée par la volonté du gouvernement d'engager un processus de formalisation pour ce secteur, comme le montre la série de mesures annoncées notamment à l'issue des assises nationales du commerce, tenues en juin dernier. Des mesures qui attendent toujours leur mise en œuvre. L'Algérie, qui a suivi la voie des pays émergents, a également adopté, après les émeutes de janvier 2011, des dispositions qui n'ont fait que baliser le terrain aux acteurs de l'informel. Un secteur de plus en plus étendu. Il est même devenu envahissant puisque aucune localité du pays, ni même aucun quartier, n'échappe à la prolifération des ventes informelles. Une pratique qui a fini par prendre le dessus à travers tous les réseaux de distribution, passant du marché de gros à celui du détail. L'occasion sera sans nul doute saisie aujourd'hui pour revenir sur l'impact de ces concessions sur l'économie. Le Cercle de réflexion autour de l'entreprise (Care) estime d'ailleurs que le marché informel a «un impact sur les citoyens, sur l'économie, sur la gouvernance et sur le bien-être de la population en général». «Le Printemps arabe est venu souligner l'impact que pourrait avoir cette économie informelle, particulièrement sur les jeunes qui représentent plus de 60% de la population algérienne», affirme par ailleurs le Cercle dans le communiqué annonçant la rencontre. Et de soutenir que les évènements qui ont secoué l'Algérie au début de l'année 2011 «nous imposent une approche créative et concertée pour aborder la question de l'économie informelle».