Une étude récente sur le système universitaire anglais a révélé que 45% des étudiants trichent au cours des examens. Les filous, filles et garçons, utilisent des méthodes de plus en plus fines en faisant appel aux technologies numériques pour dissimuler leur jeu. Pédagogues et responsables se sont promis d'agir avec toute la rigueur nécessaire pour réduire ce taux dans les toutes prochaines années. Dans un pays comme la France, la proportion des étudiants tricheurs frôle les 84%. La Turquie 80%. La Roumanie 96%. La meilleure performance dans ce registre revient, naturellement, aux pays scandinaves avec un faible taux de fraudeurs de 4,9%. Qu'en est-il en Algérie ? Enseignants, parents d'élèves et spécialistes du dossier sont unanimes à souligner une baisse vertigineuse du niveau scolaire. Dans les bulletins de notes, on constate, bien au contraire, une nette amélioration qui donne des ailes au ministre de tutelle. Miracle de la réforme du système scolaire, le taux de réussite au baccalauréat passe de 20% à 60% ! Les mentions «excellent» et «très bien» se chiffrent en milliers. L'université algérienne est aujourd'hui surpeuplée. Comme pour conforter le ministère de l'Education dans ses certitudes, les nouveaux étudiants réussissent des cursus sans faute et obtiennent leurs diplômes dans les délais initialement impartis. Sur le marché du travail, ces «génies» sont pourtant boudés par les employeurs qui leur préfèrent d'anciens diplômés qui ont tellement «peiné» avant de décrocher leurs attestations. Il est vrai que les bons diplômes et les mentions élogieuses ne servent à rien quand le titulaire est mis devant ses responsabilités. Il est évident que l'université algérienne a beaucoup perdu de ses qualités pédagogiques et académiques. Pourtant, personne ne semble s'en offusquer ! Un étudiant tricheur constitue un fléau pour ses camarades qui travaillent honnêtement. Un enseignant qui ferme l'œil sur la triche est doublement coupable dans la mesure où sa complicité mine en profondeur tout le système. Comme en Roumanie, la triche est partout en Algérie. Un agent de police, qui couvre un chauffard, gonfle le taux des accidents. Un maire, qui pistonne une connaissance pour s'approprier un bien social, creuse le fossé qui sépare l'administration de l'administré. En «ignorant» les commerçants indélicats, un agent de la Direction du commerce met la santé publique en péril et génère de grosses pertes au Trésor public. La paresse d'un journaliste profite toujours aux parasites et aux criminels. Le silence d'un citoyen devant l'injustice s'appelle connivence criminelle. La complaisance d'un douanier entretient le marché noir. En marge du Colloque international sur l'économie parallèle en Algérie, qui se tient en ce moment à Alger, on nous apprend que près de 50% des importateurs sont inscrits au fichier national des fraudeurs. Les experts estiment le défaut de facturation à 1 000 milliards de dinars. Un préjudice monumental ! Les gros bonnets de l'économie parallèle, constitués en puissant lobby, manœuvrent avec hardiesse pour contourner les lois et manipulent le terrain social quand un «texte dérangeant» vient à être mis en application (payement par chèque). Il y a un grand effort de moralisation à faire impérativement dans tous les secteurs d'activités. La famille et l'école devraient constituer les deux fers de lance de cette prise de conscience salvatrice. La fermeté, la rigueur et la transparence de l'administration doivent suivre. On doit absolument freiner cette tendance généralisée à mentir et à fausser toutes les règles. Sinon, on va inéluctablement droit dans le mur. Tout le monde serait alors faux : le médecin, l'ingénieur, le commerçant, l'imam… K. A.