Photo : S. Zoheir Par Sihem Ammour Le palais de la culture Moufdi Zakaria a accueilli mardi passé, la projection du documentaire de 52 mn intitulé L'eau : source de toute vie réalisé par Rabie Rahou et produit par El-Kawakib production d'audiovisuel. Dés les premières images du documentaire et jusqu'au générique de fin, la qualité de ce documentaire est à saluer, et dont la réalisation a nécessité une année de tournage et deux mois de montage. Projeté en version arabe et sous-titré en français, le documentaire se distingue par la qualité apportée à tous les aspects de cette réalisation tant sur le plan du texte, de la photo, du montage et de la qualité des intervenants. Ainsi, le scénario qui est à saluer également, est de Mohamed Bouregaa et la direction photo de Nassim Aktouf et la musique de Lyubomir Yordanov. Il est aussi important de saluer la pertinence de la démarche par laquelle la thématique a été abordée faisant de ce documentaire un véritable brulot qui dénonce la situation tragique dans laquelle est embourbé, le Lac de Réghaïa, précieux écosystème victime de la pollution industrielle et humaine. Ainsi, les premières images dévoilent la beauté et la richesse de cet exceptionnel site naturel classé depuis 2002 sur les listes des principales zones humides internationales par la convention Ramsar.Dès lors, ce lac qui s'étend sur 1 500 hectares dont 75 hectares d'eau douce et 900 hectares d'eau de mer, est considéré comme l'un des plus merveilleux sites naturels en Algérie. Ainsi cette zone humide héberge plus de 203 espèces d'oiseaux dont 82 espèces d'oiseaux d'eau parmi lesquels 4 espèces sont rares et protégées par la législation internationale et dont trois d'entre elles sont classées vulnérables sur la liste rouge de l'Uicn : Aythya Nyroca, Marmaronetta angustirostris et oxyura Leucocephala. Le site du lac de Réghaïa abrite également 55 espèces protégées par la réglementation algérienne.Le site abrite des espèces végétales et animales importantes pour le maintien de la diversité biologique d'Afrique du Nord et de Méditerranée. Le marais côtier de Réghaïa présente une richesse floristique non négligeable estimée à un minimum de 233 espèces végétales recensées, soit l'équivalent de 13% de la flore du nord de l'Algérie. Ainsi, malgré sa taille réduite, le lac de Réghaïa a révélé une richesse et une diversité inimaginables, non seulement en termes d'oiseaux migrateurs et en hivernants mais également en nicheurs rares. Malheureusement, ce site exceptionnel constitue aujourd'hui le réceptacle direct des eaux usées urbaines et industrielles agricoles non traitées, et reçoit quotidiennement des volumes effarants d'eau polluée par jour. La concentration des polluants, conséquence des divers rejets (industriels, urbains et agricoles) ont dépassé les normes internationales admises. Il est, dès lors constaté, trois types de pollutions. La pollution organique ou la demande biologique en oxygène et la pollution chimique, l'analyse des différents indicateurs de la pollution inorganique ont donné des valeurs nettement supérieures aux normes admises par l'OMS. Ceci réduit considérablement le pouvoir d'autoépuration de l'Oued et provoque son eutrophisation et la dégradation du milieu naturel. La pollution physique est due aux matières en suspension. Cette augmentation a pour conséquence un envasement du milieu récepteur avec une modification importante des fonds et la disparition progressive de toute forme de vie. Ceci a provoqué la disparition de la végétation aquatique et des poissons d'eau douce comme la Carpe royale et l'Anguille.La station d'épuration, édifiée à cet effet, n'est toujours pas potentiellement fonctionnelle depuis sa mise en service en 1997. Puisqu'elle ne tourne qu'à 30 % de ses capacités à cause d'un problème ubuesque de raccordement aux principaux canaux des eaux usées qui ne sont distants que de quelques mètres. Par ailleurs, la gestion irrationnelle des eaux du lac, par méconnaissance du fonctionnement hydrologique du plan d'eau, entraîne un pompage excessif des eaux, principalement par les agriculteurs et provoque un assèchement prématuré du lac. Une déstabilisation du littoral par le prélèvement du sable entraîne une érosion du rivage, une démolition des dunes stabilisées et une altération des chaînes alimentaires. Même si la protection de l'environnement et l'amélioration de la gestion de la zone humide du lac de Réghaïa, semblent être parmi les préoccupations principales du Centre cynégétique de Réghaïa relevant de la Direction générale des forêts (DGF). Ses efforts restent insuffisants, même s'il existe une batterie de textes juridiques pour protéger le site. Aujourd'hui, il devient urgent que les différents secteurs concernés travaillent en symbiose pour sauver du péril la dernière zone humide de la Mitidja.