Les quelque quarante associations culturelles activant en Afrique, réunies à Alger pour débattre et analyser la situation de la culture en Afrique, ont souligné, samedi dernier, la nécessité pour l'Union africaine (UA) d'encourager les Etats membres à promouvoir la culture en tant qu'outil stratégique de développement du continent. L'objectif est, selon elles, de faire de la culture un des «leviers» du développement durable. Elles ont appelé à la mise en place de moyens et de ressources humaines et financières nécessaires à la promotion de la culture dans les pays africains ainsi qu'à la création de marchés commerciaux culturels africains et du partenariat en tant qu'instrument d'échange et de promotion de la culture en Afrique. Ces associations ont, par ailleurs, appelé à la promotion de la culture à travers l'éducation et à la création d'un institut de recherches culturelles qui sera financé par les Etats membres de l'UA. Ces associations ont recommandé également la création d'une instance chargée de mobiliser les ressources financières provenant du secteur privé qui seront versées dans une caisse régionale ou nationale et s'ajouteront aux subventions de l'Etat au profit de la culture. Dans son intervention au cours de cette table ronde, qui a aussi débattu de l'organisation de la 2ème édition du Festival panafricain à Alger, du 5 au 21 juillet 2009, la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, a appelé à la création d'un musée et d'une institution pour la culture en Afrique, estimant que le 2ème Festival panafricain «devrait marquer un renouveau de la création culturelle dans le continent». Mme Toumi a, par ailleurs, indiqué que le Comité national chargé de l'organisation de ce festival est présidé par le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia. La présidente de la table ronde, Mme Bience Gawanas, de l'Union africaine, a, elle, mis l'accent sur la «collaboration entre les institutions et la société civile, notamment les organisations non gouvernementales qui prendront part au festival». Aussi a-t-elle appelé à l'adoption d'une «stratégie pour relancer les institutions culturelles et la création» dans le continent. S'agissant de la sauvegarde de la production culturelle africaine, le président de la Fédération internationale des coalitions pour la diversité culturelle (FIDCDC), membre consultatif au Festival du cinéma africain, Rasmané Ouedraoguo, dressera un tableau noir. 4/5 des œuvres d'art africaines se trouvent à l'extérieur du continent et 1 500 exemplaires de films africains et des milliers d'autres œuvres d'art, notamment celles liées à la période coloniale de plusieurs pays africains, sont toujours en dehors du continent, affirmera M. Ouedraoguo. Les organismes qui détiennent ces œuvres cinématographiques, dira-t-il, évitent de les restituer aux pays africains car la plupart révèlent les actes de barbarie commis par les colonisateurs en Afrique. A ce titre, tout en déplorant le pillage des œuvres d'art africaines, il émettra le vœu de voir l'UA entreprendre les démarches nécessaires en vue de récupérer toutes les œuvres qui représentent pour la plupart l'expression de l'identité africaine. Conscient des réalités et des difficultés que vivent les artistes africains dans leur pays, M. Ouedraoguo a enfin appelé tous les pays africains à ouvrir la voie à leurs artistes afin qu'ils ne soient plus obligés de s'expatrier pour produire et vendre leurs créations. Rappelons que les recommandations de la table ronde seront soumises aux experts africains devant préparer la 2ème réunion des ministres africains de la Culture qui se tiendra les 22 et 23 octobre prochains à Alger. H. G.