Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Constantine A. Lemili
Le Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac) est-il finalement bien rodé ? Mieux, ses concepteurs ont-ils tout prévu ? Quels peuvent être également les mécanismes de réaction aux impondérables ? Louaar Azzouz, important propriétaire terrien, agriculteur et surtout l'un les fervents à avoir adhéré à l'opération décidée par l'Etat afin de faire face à toute spéculation sur la pomme de terre à l'approche non seulement du mois de Ramadhan mais également pour contrarier toute autre forme de manipulation du marché par de douteux mandataires, a procédé au stockage de près de 4 000 tonnes dans l'est du pays, répartis de la manière suivante : 1 800 à Oum El Bouaghi, 450 à Biskra, 1 650 à Souk Ahras. L. Azzouz que nous avons rencontré au cours du Salon de l'agriculture qui s'est tenu du 13 au 17 octobre à Constantine, en avait gros sur «la patate», comme il l'affirme lui-même. La raison ? Il garde en surcharge les 450 tonnes de Biskra que le délégué représentant les pouvoirs publics refuse d'agréer au motif que la qualité du produit ne répond pas aux normes arrêtés par le ministère de l'Agriculture. «Mais le problème n'est pas seulement dans cet aspect des choses sachant qu'il y a des procédures réglementaires que tout stockeur peut faire jouer pour faire face à une telle situation. En ce qui me concerne, si le délégué s'obstine dans sa décision, il y a le directeur des services agricoles et le cas échéant une commission ad hoc à laquelle je peux confier l'étude du différend au cas où le même DSA se déclarerait incompétent ou abonderait dans le raisonnement du délégué. C'est d'ailleurs un peu le cas, et avant que la commission ne se prononce, les stockeurs, qui sont dans une situation analogue, ont jugé plus opportun d'attendre les résultats de la rencontre des DSA qui a lieu à l'heure actuelle avec le ministre de l'Agriculture [samedi, ndlr] pour adopter une attitude commune», tiendra à préciser notre interlocuteur. Mais cette quantité au centre d'un conflit administration/stockeur ne serait pas le plus gros problème de L. Azzouz. «Le marché est totalement dérégulé et nous sommes loin des 25 dinars que nous ne devions pas dépasser pour le prix au kilogramme dans la mesure où, à hauteur du marché de gros de Chelghoum Laïd, lequel, est-il besoin de le souligner, est la référence nationale, la pomme de terre s'écoule à 13 DA. Si les services de l'Etat ont prévu le montant ou la fourchette de la marge bénéficiaire à laquelle tout stockeur peut prétendre [entre 0 et 5 DA, ndlr], ils n'ont a contrario pas prévu un cas de figure qui consiste à prendre en charge le manque à gagner du stockeur si, une fois le produit mis sur le marché, il ne dépasse pas les 20 DA. C'est pourtant le cas», affirme-t-il. Que s'est-il passé entre-temps pour qu'il n'y ait pas pénurie ? Selon L. Azzouz, «tout d'abord, la disponibilité de la pomme de terre nouvelle. Jusqu'à ce jour, les agriculteurs retirent de la terre un produit de qualité qu'ils vendent nettement moins cher sur le marché de gros parce que obtenu à moindre frais.» Même si l'assurance, les frais d'entreposage et de transport sont pris en charge par l'Etat en ce qui concerne le stockeur. L. Azzouz a payé au producteur à l'achat son produit comme sollicité par l'Etat parce que persuadé que la régulation du marché est acquise en ce sens que les organes concernés feraient en sorte que cela se passe ainsi. Or, si la pomme de terre sur le marché de détail flirte avec les 35 DA, certains stockeurs la cèdent à moins de 20 DA et affirment qu'au risque de perdre gros (jusqu'à 4 milliards de centimes pour L. A.), ils seraient prêts à la céder pour 10 dinars «C'est une opération que je ne répéterai plus», jure notre interlocuteur.