La série d'attentats sanglants semble ne plus s'arrêter dans la capitale syrienne, conséquence directe de la situation politique extrême du pays et de l'accroissement des pressions occidentales et de certains pays arabes. Deux attaques meurtrières ont visé hier à Damas des bâtiments officiels tuant des civils et des membres des forces de sécurité. Selon la télévision syrienne, deux «attentats terroristes» ont frappé deux quartiers du centre de Damas, tuant «plusieurs civils et des membres des forces de sécurité». Les attaques ont visé la direction de la police criminelle et un centre des renseignements de l'aviation, deux sites censés être protégés. La télévision syrienne passait hier en boucle les images d'un immeuble détruit ainsi que plusieurs véhicules soufflés par l'explosion, aux abords du centre de renseignements aérien situé près de Douar al-Jamarik. Plusieurs observateurs syriens ont promptement accusé le Qatar et l'Arabie saoudite, connus pour leurs positions en faveur de l'armement des rebelles syriens, d'avoir une responsabilité «politique, juridique et religieuse» dans ces attaques meurtrières. «L'Arabie saoudite nous envoie des terroristes !», «Voilà les Amis de Tunis et du Conseil d'Istanbul», ont aussi affirmé des témoins interrogés par la télévision d'Etat, faisant allusion à la réunion internationale consacrée à la Syrie et au Conseil national syrien (CNS). Ce n'est pas la première attaque visant la capitale syrienne relativement épargnée par la vague de contestations contre le pouvoir. Le 6 janvier dernier, un attentat avait aussi frappé le centre de Damas, faisant des dizaines de morts et de blessés, deux semaines après une attaque similaire. Depuis l'éclatement, le 15 mars 2011, des contestations contre le régime en place, plusieurs attentats meurtriers ont eu lieu en Syrie. Autorités et oppositions se renvoient toujours la responsabilité de ces attaques survenues depuis janvier. Le pouvoir y voit des attaques terroristes téléguidées par l'étranger, alors que l'opposition suspecte des manipulations. Sur le plan politique, c'est le statu quo. A Genève, l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe en Syrie, Kofi Annan, a qualifié de «décevantes jusqu'ici» les réponses syriennes à ses propositions de médiation, appelant le Conseil de sécurité de l'ONU à l'unité pour davantage faire pression sur Damas. Les membres du Conseil ont jusqu'ici échoué à se mettre d'accord sur une résolution contre la Syrie. L'opposition de Moscou et Pékin semble mettre un semblant d'équilibre dans une situation menaçant la région de sombrer dans le chaos. La situation de la Syrie étant largement plus complexe que ne le laissent croire les tenants de l'interventionnisme. La situation sur le terrain demeure également inquiétante sur le plan humanitaire. L'ONU devrait participer sous la direction du gouvernement syrien à une mission d'évaluation des besoins des populations, notamment dans les zones de troubles. M. B./Agences