Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili
La salle de répertoire An-Nasr relevant de la Cinémathèque algérienne connaît depuis deux semaines sa deuxième réhabilitation après celle entreprise sur une période de trois années au début de l'année 2000. Livrée totalement requinquée au printemps 2003, la salle ne sera jamais exploitée jusqu'au mois de mars 2012 où elle est de nouveau promise à une nouvelle restauration alors que l'ensemble des équipements, si tant est que la quincaillerie vétuste qui fait office de matériel de projection peut être ainsi qualifiée, n'a pas fonctionné et que les sièges sont restés emballés dans leur revêtement en plastique d'origine.Qu'en est-il alors en réalité de cette première réhabilitation au coût de 2 milliards de centimes et celle en cours qui serait, selon le directeur de wilaya de la culture, même s'il n'a pas en tête le montant exact, de «trois milliards» ? An-Nasr avait bénéficié d'un programme de restauration qui devait lui redonner une deuxième jeunesse avec l'apport de sièges ergonomiques, d'un nouveau revêtement au sol et sur les murs qui garantiraient une meilleure acoustique, le tout (revêtement et sièges) étant ignifuges pour des raisons de sécurité des personnes et enfin d'une nouvelle cabine de projection en ce sens que l'ancienne (fonctionnelle) avait été déboulonnée et installée dans une salle du centre du pays. Or, le nouveau matériel de projection était loin d'être neuf. Pis, il ne répondait pas aux normes techniques adaptées à la salle en ce sens qu'il s'agissait d'un matériel prélevé sur un ciné-mobile de l'Oncic et donc de l'époque de la révolution culturelle. Par voie de conséquence, il n'y eut jamais de projection sur les dix années ayant suivi la réhabilitation de la salle. Ensuite, les services de la Protection civile refuseront de délivrer le certificat de conformité pour la simple raison qu'il n'y en avait pas (conformité) compte tenu des risques d'incendie et de propagation rapide en l'absence de matériaux ignifuges. An-Nasr restera en l'état et ce n'est évidemment pas l'engagement très médiatisé «de la réouverture de la cinémathèque An-Nasr dans la quinzaine suivante» pris par la ministre de la Culture en visite à Constantine en 2006 qui y changera quelque chose. Dans la foulée, la ministre donnera le nom du nouveau responsable de la salle, lequel démentira rapidement l'information. S'agissant d'ailleurs, en l'absence d'un vrai professionnel, d'un responsable permanent à hauteur de ladite salle, le ministère en désignera un qui y durera le temps que durent les roses.Tout au long de l'année 2011, de récurrentes déclarations ont laissé entendre enfin une prise en charge de la restauration de certaines salles de spectacles relevant du ministère de la Culture. Elles seront suivies d'effet comme en témoignent les travaux entamés à la salle An-Nasr et les premières démolitions à la maison de la culture Mohamed Laïd El Khalifa. Il aura quand même fallu plus d'une douzaine d'années pour la première et presque la moitié pour la seconde pour qu'elles le soient. An-Nasr devrait être livrée avant le 5 juillet prochain, car la direction de la culture y prévoit une réouverture en grande pompe compte tenu de la commémoration exceptionnelle du 50e anniversaire de l'indépendance. L'entrepreneur en charge nous a fait part de son scepticisme, quoiqu'il soit très certainement dans les délais, mais dans des délais qui risquent de l'inciter à livrer un ouvrage dont les vices ne seront perceptibles que bien plus tard.En conclusion, il paraît pour le moins étrange que toute la chaîne de commandement du secteur de la culture ne se soit pas inquiétée de la gestion dispendieuse qui a émaillé la réhabilitation de la salle de répertoire An-Nasr, pas plus que l'entrepreneur qui a procédé à la première opération n'ait jamais été inquiété quant à la qualité et la réalité d'un service qui n'ont jamais été exécutées selon les normes. Mais le même secteur n'en est pas à sa première gabegie et n'en sera pas à la dernière… Quoiqu'à nos questionnements M. Foughali, directeur de wilaya de la culture considère que «la deuxième réhabilitation s'imposait du fait que les textes relatifs aux salles de spectacles et des conditions d'accueil du public sont postérieurs à la première opération de réhabilitation. De fait, la salle An-Nasr ne remplissait pas donc lesdites conditions de sécurité du public notamment».