Ouverte fin 2003 après une période de fermeture de deux ans pour travaux de rénovation, la salle An Nasr de la cinémathèque de Constantine n'a toujours pas reçu les équipements qui lui permettraient de reprendre ses activités et d'accueillir à nouveau le public. Des cinéphiles constantinois approchés, par l'APS, estiment que l'investissement de 22 millions de dinars, consenti pour la rénovation de cette salle, ne pourrait être fructifié et avoir de sens que si cette salle de spectacle remplissait la fonction pour laquelle elle a été conçue. La cinémathèque a retrouvé une seconde jeunesse après cette opération de rénovation qui l'a dotée d'un parterre en marbre allant jusque sur le trottoir de devantures, de nouveaux revêtements pour les murs, un nouveau plafond et de nouveaux sièges, mais elle n'a pas été équipée, à ce jour, de son principal outil, à savoir l'appareil de projection. Initialement, explique le responsable actuel de la structure, la fourniture de nouveaux appareils de projection était incluse dans le contrat de rénovation et devait donc être effectuée par l'entrepreneur en charge de l'opération. Mais pour cause de travaux supplémentaires apparus en cours de route, celui-ci en a été dessaisi par le ministère qui a donc repris ce volet à sa charge. Après une longue attente, l'équipement arriva, mais il s'avèra inadapté dans la mesure où il s'agissait d'appareils de projection datant d'une trentaine d'années, démontés d'un cinébus. Des appareils, précise le même interlocuteur, sont « d'une qualité bien en deçà de ceux qui équipaient la salle avant sa réhabilitation ». En plus de ce problème, qualifié « de taille », les nouveaux sièges qui ont été installés dans la salle n'ont pas été certifiés « ignifuges » par l'entrepreneur comme l'exige la réglementation en vigueur. La Protection civile de Constantine, ne disposant pas de laboratoires en mesure d'effectuer les analyses adéquates, a donc refusé de se prononcer sur la question et de donner son aval quant à la conformité de ces sièges. « Cela fait donc plus de 3 ans que les travailleurs de la cinémathèque de Constantine se présentent sur les lieux de travail uniquement pour veiller au bon entretien des lieux, du reste propres comme un sou neuf mais tristes, surtout pour qui connaît l'effervescence culturelle dont ils furent jadis le théâtre », indique-t-on. La seconde salle de répertoire, en l'occurrence Cirta, est également, et pour d'autres raisons, hors d'usage depuis une quinzaine d'années, « d'où le recul important enregistré par la cinémathèque de Constantine, que tout pourtant, il y a à peine quelques années, promettait à un bel avenir », notent cinéphiles et responsables de cette infrastructure.