Amadou Toumani Touré, ATT ou le «général démocrate» comme le surnomment les Maliens, a été victime d'un putsch. Il avait été souvent cité en modèle pour sa réussite de la transition démocratique. Il lui restait tout au plus quelques semaines pour quitter le pouvoir de façon démocratique et que le Mali puisse se hisser dans le rang des nations où l'alternance démocratique devient la règle. Condamné de toutes parts, le coup d'Etat au Mali en soulage plus d'un. Pourtant rien ne destinait ATT à cette triste fin. Une fin évidente après la démocratisation par les bombes de la Libye. Le régime d'ATT était trop faible. Il n'arrivait pas à imposer l'autorité de l'Etat au nord Mali, devenu par la grâce d'Aqmi, l'équivalent des zones tribales du Pakistan. Il aura suffi qu'une colonne de Touareg revienne de Libye pour que le Mali soit déstabilisé pour longtemps. 600 hommes fortement armés et la partition du Mali est de nouveau à l'ordre du jour. En voulant jouer la montre, ATT a laissé la situation, dans son pays, pourrir. Il espérait peut-être laisser les problèmes du futur de son pays à son successeur sans avoir à prendre de décision quant à la lutte contre le terrorisme islamiste, la contrebande transfrontalière et le développement du Nord Mali. «Il croyait avoir la paix en évitant le combat, à la différence de ses partenaires mauritaniens et nigériens», aurait affirmé un diplomate.La déstabilisation de la Libye ne pouvait rester sans conséquences sur la région. Les velléités de partition qui gagnent les populations de la Cyrénaïque ont reçu comme écho la déclaration d'une volonté d'indépendance du Nord Mali. La famine et le chômage grignotent doucement mais sûrement la stabilité du Niger et l'exemple malien peut donner des idées à quelques irréductibles.ATT est bien une victime collatérale de la «démocratisation» de la Libye. D'autres dommages collatéraux sont à attendre dans les semaines à venir. La «démocratisation» libyenne aura eu gain de cause de la démocratie malienne.En attendant un nouveau pouvoir et une nouvelle démocratie malienne, Moussa Ag Acharatoumane, un des responsables du Mnla, affirme que son mouvement va prendre plus de villes au nord du Mali et que pour l'instant ils ne savent plus avec qui discuter.ATT a été victime de sa passivité et de son indécision dans la lutte contre le terrorisme et son refus du dialogue avec les Touareg. Il a été victime de la corruption qui règne dans son pays et dont les chefs de l'armée ont été les premiers bénéficiaires. De là où il se trouve, ATT doit bien regretter que la chute du «dictateur» libyen ait eu autant d'effets sur le démocrate qu'il est. A. E.