La protestation reprend de plus belle dans le secteur de l'Education nationale et c'est le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) qui ouvre le bal, à la surprise générale, à deux mois seulement des examens du baccalauréat et du BEM. Le syndicat, fort de l'adhésion de 50 000 enseignants sur un ensemble de 70 000 que compte l'enseignement secondaire, selon ses dernières statistiques remises aux services du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, veut frapper fort. L'objectif étant d'assurer l'amendement du statut particulier de l'Education tel que souhaité par la corporation. Celle-ci qui, prenant acte de la disposition du ministère de tutelle à appuyer ses propositions, lors des négociations finales devant avoir lieu incessamment, n'en relève pas moins des lenteurs dans le traitement du dossier et des tentatives de gagner du temps jusqu'à remettre en cause tout le processus enclenché jusque-là. «Les négociations finales auront lieu sans les syndicats. Rien ne nous garantit que la commission ad hoc défendra nos propositions… Le ministère est en train de gagner du temps», indique le Cnapest dans un rapport rédigé à la fin de la réunion de son Conseil national, mercredi et jeudi derniers, à Boumerdès. La décision du Cnapest est irrévocable : grève illimitée à partir du 10 avril prochain. En fait, c'est une reprise d'une grève entamée au début de l'année et suspendue suite à des engagements du ministre de tutelle à prendre en charge la question. Des discussions et des rencontres ont eu lieu plusieurs fois entre les représentants des différents syndicats et ceux du ministère pour débattre toujours de l'amendement du statut particulier. Jusqu'à il y a une semaine, un grand optimisme ressortait des déclarations des délégués syndicaux concernant l'aboutissement de cette revendication, mais depuis quelques jours, l'incertitude refait surface. Et ça tombe mal. En effet, fortement fragilisés et déstabilisés par les retards causés par les dernières intempéries et autres actions de protestation observées tantôt par les enseignants, tantôt par les élèves, les candidats aux deux épreuves du baccalauréat et du BEM n'aimeraient pas se retrouver à nouveau dans la zone de turbulences. Eux qui s'attendaient à de meilleures dispositions pour rattraper les cours perdus et les soutenir psychologiquement pour affronter les deux examens décisifs. Peut-être qu'in fine la grève n'aura pas lieu et qu'il ne s'agit là que d'un avertissement à l'égard des autorités, mais pour que cela soit possible, le syndicat exige la satisfaction totale de ses revendications. La première, bien sûr, est l'amendement du statut particulier. Le Cnapest demande aussi la création de nouveaux postes permettant la promotion des enseignants du secondaire : enseignant du secondaire classe 13, enseignant principal du secondaire classe 15 et enseignant formateur du secondaire classe 17. Pour ce faire, il propose que la promotion s'effectue d'un côté sur la base d'un concours à 50% et d'un autre sur la base des qualifications et des compétences de l'enseignant à 50%. Dans les dispositions transitoires, le Cnapest demande à ce que la promotion des enseignants soit faite sur la base de leur ancienneté : 10 ans d'expérience pour devenir enseignant principal et 18 ans pour devenir enseignant formateur. Le syndicat insiste aussi sur l'intégration des enseignants du technique (mis à la marge depuis au moins quatre ans) en tant qu'enseignants du secondaire et du technique. D'autres revendications sont citées et réclamées haut et fort par l'organisation syndicale. Par ailleurs, indique le syndicat et avec fierté, il compte bien étendre son réseau aux deux cycles moyen et primaire. C'est à la demande des enseignants eux-mêmes, poursuit-il. Voilà qui doit inquiéter sérieusement le ministre, Boubekeur Benbouzid qui, à peine sorti d'un problème, se retrouve face à un autre. K. M.