Photo : Riad Par A. Lemili Le dernier tour de la coupe d'Algérie a permis d'évaluer l'impact qu'avait le football sur les foules et plus particulièrement les jeunes. Les fans du CSC n'ont pas hésité à entamer un périple de près de 1 000 km pour soutenir leur équipe. Une telle énergie est donc canalisable, et ce n'est finalement que l'imagination qui manque à ceux qui devraient trouver un exutoire à près des deux tiers de la population de ne pas le faire. Il ne s'agit pas évidemment de remplir les stades une fois par semaine pour dire que le sport a substantiellement fourni une solution à l'oisiveté de millions de jeunes qui gagneraient alors à être pris en charge autrement. Ceux qui vont au stade le week-end et ceux-là mêmes qui du samedi au jeudi sont branchés sur la télévision pour y vivre les compétitions des pays européens, arabes, sud-américains possèdent une valeur individuelle intrinsèque que ceux qui n'ont pas joué au football dans leur quartier, autrement dit ceux qui quelque part n'ont pas une enfance et/ou une jeunesse digne de ce nom, ignorent. C'est d'ailleurs pour ces raisons qu'ils s'investissent à fond la caisse dans une rencontre, n'hésitant pas argument à l'appui à contester le choix des entraîneurs ou la valeur de certains footballeurs parce qu'ils restent persuadés qu'ils peuvent faire la même chose que ces derniers, si ce n'est mieux si l'opportunité leur était donner de le faire. Nous revenons là bien entendu à ce que dans ces colonnes nous n'avons eu de cesse de ressasser, à savoir que la rue, les terrains vagues, les cours d'immeubles, les venelles aussi larges qu'une flute, sont autant de viviers potentiels de grands talents en déshérence. Mais, ils s'en trouvent également parmi cette jeunesse qui sont moins enclins à adhérer à cette passion parce qu'il ne leur est pas offert l'opportunité de l'exprimer. Au lendemain de l'indépendance, la population n'était déjà pas aussi nombreuse qu'à l'heure actuelle, elle ne se particularisait pas autant qu'aujourd'hui par la jeunesse de sa composante, et l'ensemble des villes sur le territoire ne connaissait pas la frénésie de la construction, et pour cause, de ces trente dernières années. Alors autant dire que ce ne sont pas les espaces qui manquaient alors qu'actuellement ce sont les poches d'occupation des sols qui manquent le plus, alors que dire d'espaces libres qui pourraient être utilisés par qui le souhaiterait dans le cadre d'une activité sportive en dilettante. Ce propos donnerait certes l'impression de relever de la digression qui plus est stérile, néanmoins et sans trop assombrir le tableau et forcer sur le trait, s'il existait autant d'espaces libres que de siège d'APC et leurs annexes dans un village, le problème d'oisiveté des jeunes ne se poserait très certainement pas. Les fléaux sociaux encore moins, cela coule pratiquement de source sommes-nous tenus de souligner. Or, nous constatons qu'à chaque fois qu'il s'agira de commémorer les journées de lutte contre le tabac, le cancer, les maladies pulmonaires, l'asthme, tout le monde s'accorde pour dire que le sport est la meilleure et seule solution. A commencer par les deux ministères concernés : la Santé et celui de la Jeunesse et les Sports (sic). Nous remarquons par les temps qui courent que les quelques surfaces de proximité dites «mateco» qui ont été construites dans l'euphorie d'une commémoration de la fête de la jeunesse exceptionnellement pour l'an 2000 ont tout de même servi et continuent de servir à telle enseigne que les groupes de jeunes y défilent dès le lever du soleil jusqu'à son coucher. Il s'agit là, par voie de conséquence, de centaines de jeunes qui au même moment ne se trouvent pas dans une cage d'escalier à griller un joint ou importuner des voisins et pis encore à nourrir de noirs desseins. Conclusion : la solution est tellement banale, il s'agit non seulement pour les pouvoirs publics de continuer à restreindre des espaces «bouffée d'oxygène» qui sont un droit pour les populations, en général, et les jeunes, en particulier, et si tant est que ce pays pense et s'inquiète vraiment pour la jeunesse, faire en sorte qu'ils soient aménagés dans cette intention. Il ne coûte rien d'y installer des équipements sommaires comme des buts de gardien. De telles suggestions semblent presque relever de la pusillanimité pour ne pas dire de rodomontade, mais elles mériteraient un tant soit peu d'être soupesées.