Le stade algérien est-il devenu infréquentable ? Il ne se passe pas une journée de championnat sans qu'une enceinte sportive au minimum ne soit le théâtre d'actes de violence de la part de certains supporters. Avant-hier soir, le stade du 5-Juillet a vécu cela à l'occasion du match USM Alger – USM Harrach comptant pour les quarts de finale de la Coupe d'Algérie. à la mi-temps, la tribune supérieure centrale, au dessus de celle des officiels et de la presse, laissée vide pour séparer les deux galeries, a été envahie, apparemment par des supporters de l'USMH, en témoignent les tenues – écharpes, chapeaux…– de certains d'entre eux. Ces derniers se sont aussitôt attaqués aux personnes présentes sur les lieux, comme les policiers ou les techniciens de l'ENTV qui transmettaient la rencontre, mais aussi au matériel utilisé par la chaîne nationale. Ainsi, deux caméras HD (haute définition) ont été jetées du haut de la tribune. Du matériel qui coûte plusieurs centaines de millions de centimes. Dans un entretien accordé au site sportif «Dz Foot», le chef opérateur de prise de vues de l'équipe chargée de transmettre le match, a déclaré que lui et le reste des techniciens de l'ENTV ont failli être lynchés n'était l'intervention de la police. Bien évidemment, la retransmission du match a été annulée par la suite. à noter que les scènes de violence durant ce match ont débuté bien avant l'entame de la partie. Des milliers de sièges ont été arrachés. Pour dire que la prestation des joueurs ou le résultat n'y est pour rien, quoique, il faut bien le préciser, même cela ne pourrait justifier de telles scènes de vandalisme. Réagissant à ces événements, le président de la Ligue de football professionnel (LFP), Mahfoud Kerbadj, a indiqué, hier, que «les dégâts matériels occasionnés lors de cette rencontre seront remboursés par le club dont les supporters seront jugés coupables». D'autres stades ont connu durant la journée d'avant- hier des actes similaires. Cela s'est passé notamment aux alentours du stade de Kouba, suite à la défaite du RCK à domicile à l'occasion de son match de championnat de Ligue 2 face au MO Béjaïa ou bien au stade de Cheraga qui a abrité un match du championnat amateur entre le club de la JSM Cheraga et le WRB M'sila. Des scènes qui deviennent de plus en plus fréquentes dans les stades algériens. Les autorités footballistiques du pays – instances ayant en charge la gestion du football et les services de sécurité – devraient réagir le plus vite possible avant que la situation ne s'aggrave. On s'en souvient, le 27 novembre dernier, à l'occasion du match USMA – MCA, un supporter, tout juste âgé de 17 ans, a trouvé la mort, poignardé, suite à des échauffourées qui ont éclaté entre supporters du même club, dans ce même stade. La LFP avait, dans un premier temps, opté pour la sanction du huis clos. Face à sa multiplication, plusieurs présidents de clubs sont montés au créneau pour dénoncer ce genre de sanctions qui, selon eux, ne fait qu'aggraver la situation financière de leurs clubs. Mais par la suite, les choses se sont apparemment aggravées. Il était convenu que les différents acteurs réfléchissent à d'autres moyens de dissuasion. Mais jusque-là, rien n'a été fait. La LFP devrait être très ferme face à de tels comportements. Multiplier la sanction par le huis clos, délocaliser les rencontres ou bien élaborer un fichier national de supporters qui seront interdits d'accès au stade sont, entre autres, les mesures nécessaires pour freiner un tant soit peu la montée de cette violence. Si rien n'est fait, il est à craindre que la gestion des matchs devienne impossible dans un futur proche. A. A.