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Les manœuvres de Bamako visaient une intervention étrangère au Sahel pour mater la rébellion touarègue
La partition du Mali, un fait accompli
Publié dans La Tribune le 02 - 04 - 2012

Les jeux semblent faits. Le Mouvement National de Libération de l'Azawad (MNLA) contre la totalité du nord Mali, revendiqué par les Touareg maliens depuis au moins 1962. Le MNLA créé en 2010 est une organisation politique et militaire touarègue active au Nord-Mali. Ses objectifs sont l'autodétermination et l'indépendance du territoire de l'Azawad, un toponyme tamashaq qui signifie espace de pâturage. La zone revendiquée s'étend du fleuve Niger au Sud jusqu'aux frontières avec l'Algérie et la Mauritanie au nord. Ses principales villes sont Tombouctou au sud, Gao au sud- est et Kidal au nord. Cet espace revendiqué par les Touareg est le plus désertique du Mali et représente près de 55 % du pays. Même si les Touareg n'y sont pas majoritaires, il n'en demeure pas moins que l'Azawad est considéré comme le pays ancestral des Touareg maliens depuis la nuit des temps. Le Mouvement national Azawad se définit comme «une organisation politique de l'Azawad qui défend et valorise la politique pacifique pour atteindre les objectifs légitimes pour recouvrer tous les droits historiques spoliés du peuple de l'Azawad», et le Mouvement touareg du Nord-Mali (MTNM), mouvement responsable de rébellions de 2006 à 2009 fusionnent le 16 octobre 2011 pour créer le MNLA. Plusieurs groupes d'ex-rebelles Touareg ayant fui le Mali dans les années 1990 pour s'engager dans l'armée libyenne se sont joints au mouvement après la défection du régime de Kadhafi. Ils ont apporté avec eux un grand nombre d'armes, réactivant le conflit pour l'autodétermination de l'Azawad. Le MNLA est allié au Mouvement populaire de l'Azawad (MPA), un groupe salafiste. Pour discréditer la rébellion touarègue, le gouvernement malien a usé de manœuvres et de subterfuges afin que le MNLA et El Qaïda se rapprochent ce qui lui permettrait de présenter l'insurrection du nord comme un mouvement terroriste. Cette thèse a longtemps été défendue par le président déchu qui a appelé ouvertement à une intervention étrangère directe dans la région du Sahel. Certaines voix officielles maliennes n'ont pas manqué de fustiger publiquement l'Algérie pour «sa non implication directe dans la lutte antiterroriste dans le nord Mali». L'évolution de la situation explique la prudence de l'Algérie qui connaît bien le dossier de la rébellion touarègue et a su faire la part des choses entre la lutte antiterroriste proprement dite et un conflit interne au Mali et qu'il revient aux Maliens de régler. Cependant, l'Algérie était prête à aider les Maliens en proposant sa médiation pour peu que les conditions d'un dialogue sérieux soient réunies. L'Algérie a déjà proposé ses bons offices après la reprise des hostilités entre Touareg et gouvernements malien et nigérien en 1990. Les accords de Tamanrasset en 1991 ont abouti à un cessez-le-feu. Le conflit a repris en 1994 avant que la paix ne soit conclue en mars 1996 à Tombouctou. L'insurrection reprend en mai 2006 au Mali et un accord a été signé à Alger en juillet 2006. Réagissant aux accusations lancées par le Mali, le MNLA affirme qu'il «rejette le terrorisme et l'extrémisme sous toutes ses formes, qu'il provienne d'un groupe ou d'un Etat».
Origine de l'instabilité dans le Sahel
Pour l'historien spécialiste de l'Afrique, Bernard Lugan, universitaire (ancien enseignant à l'Université nationale du Rwanda et à l'université Lyon-III, directeur de séminaire à l'Ecole de guerre), auteur de nombreux ouvrages (notamment une Histoire de l'Afrique, des origines à nos jours), animateur sur Internet de la revue L'Afrique réelle et du site www.bernard-lugan.com, plusieurs facteurs sociopolitiques et géostratégiques expliquent l'instabilité et l'insécurité dans la région du Sahel. La crise régionale actuelle a plusieurs origines. «A la base de tout, se trouve le fait que l'espace sahélo-saharien, monde de contacts ouvert, a été cloisonné par des frontières coloniales artificielles qui forcent à vivre ensemble des pasteurs vivant au nord et des agriculteurs sédentaires vivant au sud», estime-t-il. Bernard Lugan considère que «depuis une décennie environ, la région est devenue un relais pour les organisations mafieuses, 15 % de la production mondiale de cocaïne transitant ainsi par le Sahara. Parallèlement, des organisations terroristes islamistes s'y sont installées, profitant de la porosité des frontières. Trafiquants et terroristes transnationaux utilisent les anciennes structures précoloniales de circulation nord-sud. Enfin, la région est devenue une terre à prendre ses matières premières (uranium, fer, pétrole, etc.) y attirant de nouveaux acteurs comme la Chine et l'Inde».L'analyste explique la dégradation de la situation sécuritaire dans la région du Sahel par le rôle joué par Kadhafi pendant son règne et par les conséquences de la défection de son régime. «Comme le colonel Kadhafi déstabilisait et contrôlait tout à la fois une vaste partie de la sous-région, le bouleversement politique libyen, amplifié par la recomposition maghrébine, a créé une nouvelle définition géopolitique régionale. D'autant plus que les armes dérobées dans les arsenaux libyens (missiles Sam, etc.) vont irriguer de vieux conflits (Nord-Tchad, touareg, Darfour, etc.) et que les combattants sahariens de la Légion verte, créée par le colonel Kadhafi dans les années 1980, sont prêts pour bien des aventures.» Cette situation a été compliquée par l'implantation d'AQMI qui «a étendu sa zone d'action dans le nord du Mali, dans la région du massif du Timétrine au nord- ouest de l'Adrar des Iforas, région qui fut le bastion de la rébellion touarègue contre le gouvernement malien dans les années 1990. Et enfin, les milliers de kilomètres de frontière commune entre la Libye et le Tchad ne sont plus contrôlés.»
A. G.

DECLARATION DU BUREAU POLITIQUE
Dimanche, 01 Avril 2012 19:56
En ce jour sans précédent dans l'Histoire du peuple de l'Azawad où devient effectif le retour à la dignité, après la libération de la ville historique de Tombouctou, de Gao, de Kidal et de plusieurs autres villes de l'Azawad, le bureau politique félicite, au nom de toutes les Commissions, le peuple de l'Azawad, l'Armée de Libération Nationale, et tous ceux qui, de loin ou de près ,se sont sacrifiés pour l'atteinte de cet objectif non négociable.Chers compatriotes, en dépit de cette immense satisfaction, nous devrions rester sereins, prendre encore davantage confiance en nous et relever le défi de l'avenir en réunissant toutes nos forces pour préserver cet
inestimable acquis afin de faire de l'AZAWAD, un pays où règnent la liberté, la justice et la paix durable y compris avec les pays voisins.
Nous rassurons les Etats voisins, les populations de la sous-région et la Communauté Internationale que la libération de l'Azawad contribuera à renforcer la sécurité, le développement et la paix pour une meilleure intégration des peuples, des cultures et une meilleure stabilité dans la zone saharo-sahélienne.La direction politique invite tous les Azawadiens (de l'extérieur comme de l'intérieur) à se mobiliser sans délai dans l'immense chantier de construction. Le mouvement appelle tous les Azawadiens qui résident à l'extérieur
à revenir contribuer et jouir de la reconstruction nationale.
Le 01/04/2012
Mahmoud Ag Ghali, Président du bureau politique

Comité exécutif
A l'occasion du conflit qui oppose le MNLA et le gouvernement malien en 2012, le MNLA a annoncé la formation d'un Conseil exécutif composé de :
Bilal Ag Cherif : secrétaire général du MNLA
Mahmoud Ag Ghali : président du bureau politique
Hamma Ag Sid'Ahmed : porte-parole chargé des relations extérieures
Mohamed Ag Nagem : chef d'état-major, ancien colonel de l'armée libyenne, et qui dispose d'un matériel de pointe
Moussa Ag Achar Touman : responsable des droits de l'homme
Bekay Ag Hamed : chargé de communication
Nina Walet Entalou : chargé de l'éducation et de la formation
L'écrivain et acteur touareg Moussa Ag Assarid adhère au MNLA comme porte-parole


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