De tous les produits de consommation, c'est la pomme de terre qui fait le plus parler d'elle ; ses prix ont fortement augmenté (120 dinars le kg), son approvisionnement perturbé. A qui la faute ? Aux «spéculateurs». La hausse actuelle des prix est le fait de la «spéculation» en cette période creuse, marquée par la fin de la récolte d'arrière-saison et celle précédant la récolte de saison, intervenant entre la mi-avril et la mi-juin, explique le président de la Chambre de l'agriculture de la wilaya de Aïn Defla, Hadj Ladjali, dans une déclaration à l'APS. C'est cette période creuse qui fait qu'il y a déséquilibre sur le marché avec l'absence de la primeur de Mostaganem, dont le cycle végétatif a accusé un sérieux retard du fait des intempéries de février dernier, ajoute Hadj Ladjali. Actuellement, «c'est surtout la récolte d'arrière-saison qui est commercialisée», avec les premiers arrivages de la saison, fait savoir ce responsable.La récolte demeure, elle, bonne de manière générale. La superficie plantée pour la production d'arrière-saison au titre de la campagne 2010/2011 est la même que celle de la saison précédente, c'est-à-dire 55 000 ha dont près de 5 000 ha réservés à la primeur. Selon les chiffres du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, les superficies plantées en pommes de terre ont augmenté de 10 000 ha en moyenne par an durant les quatre dernières saisons agricoles. Elles sont passées de 90 000 ha en 2007-2008 à 128 000 ha en 2010-2011. Les rendements ont connu également une légère hausse, passant de 250 qx/ha en 2008-2009 à 297 qx/ha en 2010-2011. La mise en place du Système de régulation des produits agricoles à large consommation (Syrpalac), qui a permis de sécuriser les producteurs après l'abandon de leurs terres suite à la chute des prix sur le marché en 2007, a permis de stocker les surplus de production, qui sont passés de 2,2 millions de qx en 2008 à 2,67 millions de qx en 2009, 3,2 millions de qx en 2010 et 3,8 millions de qx en 2011. Ce système, qui a manipulé quelque 600 000 tonnes (stockage et déstockage) durant ces quatre dernières années, a contribué également à la stabilité du prix de ce produit stratégique. La moyenne annuelle des prix est passée de 50 DA/kg en 2007 à 35 DA en 2008, 43 DA en 2009, 36 DA en 2010 et 39 DA en 2011, avec des pics enregistrés notamment en avril 2009.L'Algérie n'a pas importé de pomme de terre de consommation depuis 2008, mais elle continue d'importer la semence à hauteur de 60% environ de ses besoins actuels. Par ailleurs, de nouveaux facteurs ont tendance à influer sur les prix de la pomme de terre comme la hausse des prix des intrants et le coût de la main-d'œuvre. Selon les professionnels de la filière, le coût de la main-d'œuvre, calculé par caisse de 36 kg, est passé de 15-20 DA en 2011 à 40 DA en 2012. Le coût de production à l'hectare a aussi augmenté sensiblement en passant de 400 000 à 600 000 DA/ha.La spéculation est-elle seule responsable de cette flambée spectaculaire ? La persistance des intempéries, accompagnée d'importantes chutes de neige, a contraint les opérateurs publics et privés à déstocker et à activer le Syrpalac pour approvisionner le marché national pendant cette période de froid et stabiliser les prix. Mais, le décalage de la récolte d'un mois par rapport à la date habituelle (fin février), a provoqué une hausse des prix. Une note d'optimisme cependant, une baisse des prix de la pomme de terre s'opérera au fur et à mesure de l'entrée sur le marché de la récolte, notamment celle de Mostaganem, qui devrait atteindre son pic saisonnier début mai, selon un responsable au ministère de l'Agriculture. Des quantités de pomme de terre entrent chaque jour sur le marché et les prix devraient revenir à la normale d'ici début mai, lorsque la récolte atteindra son pic saisonnier. Y. S.