En Algérie, l'autisme est une maladie encore trop méconnue du grand public et pourtant elle frappe de plein fouet de nombreuses de familles livrées à elles-mêmes qui se retrouvent dans le désarroi le plus total, à cause d'une absence de prise en charge spécialisée. L'Association des enfants autistes (AEA) présidée par Mme Baya Nouri, tente depuis sa création en 2007 de combler le vide laissé par les pouvoirs publics en matière de soutien et d'accompagnement des enfants autistes et de leurs familles. Depuis plusieurs années, cette association multiplie les actions de sensibilisation et d'information sur ce trouble du comportement. Lamia Talbi, médecin et membre de l'Association des enfants autistes, explique que l'autisme se définit comme un désordre neurologique qui altère gravement la communication entraînant un handicap dans l'interaction de l'enfant avec son entourage d'où son incapacité de développer des relations, un retard dans l'acquisition du langage, jeux répétitifs et stéréotypés. Selon elle, ces troubles du développement dont les causes demeurent encore mystérieuses (ils peuvent être liées à des facteurs génétiques et environnementaux) touchent quelque 65 000 personnes en Algérie, beaucoup plus les garçons que les filles. L'autisme ne se guérit pas, mais une éducation structurée, et des soins adaptés permettent de diminuer les symptômes, d'apprendre à vivre et grandir parmi les autres. «On ne peut pas traiter l'autisme définitivement, toutefois des études scientifiques ont démontré qu'un accompagnement et une prise en charge individualisée augmentent significativement les possibilités relationnelles et les capacités d'interaction sociale, le degré d'autonomie et l'acquisition du langage pour les enfants atteint de cet handicap», précise notre interlocutrice.Selon elle, «le traitement repose sur la psychothérapie avec une prise en charge institutionnelle, éducative et pédagogique qui doit être précoce et structurée dès l'âge de deux ans». Ce qui est loin d'être le cas en Algérie où le manque de structures spécialisées se fait cruellement ressentir. Les parents des enfants autistes sont confrontés au problème de la prise en charge, ce qui suscite chez eux un terrible découragement et sentiment d'abandon. «Les parents vivent un véritable calvaire à cause du diagnostic tardif et l'absence de prise en charge scolaire, éducative et sociale des autistes». Pourtant, la prise en charge de ce trouble dépend essentiellement de la précocité de son dépistage. Or, dans notre pays, le diagnostic est souvent établi tardivement ce qui compromet les chances et l'efficacité des soins, note en substance cette spécialiste. L'Association des enfants autistes se mobilise pour attirer l'attention des pouvoirs publics et du public sur ce trouble qui mine la vie de nombreuses familles. L'association a initié des campagnes de sensibilisation pour la réalisation d'une institution spécialisée dans la prise en charge de l'autisme. Un appel lancé récemment lors d'une rencontre sur l'évaluation des compétences de l'enfant autiste organisée à El Biar, ( le 17 mars dernier) qui a rassemblé des pédopsychiatres, orthophonistes des pédiatres et des parents des enfants autistes. Selon Lamia Talbi, «cette rencontre a été l'occasion de débattre sur une nouvelle méthode d'apprentissage qui semble aujourd'hui incontournable dans le traitement de l'autisme. Il s'agit de l'analyse du comportement appliquée, ou ABA (Applied Behavior Analysis).La méthode ABA est une méthode d'apprentissage qui aide les enfants autistes à récupérer les fonctions qu'ils n'ont pas acquises et ouvre de nouvelles perspectives. D'après notre interlocutrice, «cette méthode sera introduite bientôt en Algérie, précisant que chaque pédopsychiatre, orthophoniste, psychologue et parent doit maîtriser cette approche éducative pour une meilleure prise en charge de l'autisme.» A. B.