L'exacerbation de la violence dans les stades algériens est un phénomène étendu et récurrent. L'imputer stricto sensu à un public particulier ou à une galerie singulière n'a guère de sens. Le débat sur cette facette néfaste de notre sport roi est relancé dès que des pics sont atteints ; l'irréparable avec la mort de supporters, ou moins dramatique mais tout aussi anecdotique, la destruction de… caméras. Les événements violents qui rythment nos compétitions footballistiques ne sont pas particuliers à notre pays. Loin s'en faut. Cependant, des catastrophes comme celle de Port-Saïd en Egypte ne sont pas, de l'aveu de beaucoup d'observateurs, impossibles chez nous. Les ingrédients combustibles sont là, menaçant d'exploser un jour si on n'y prend pas garde. D'autant plus que les sanctions, dont l'objectif premier est d'éradiquer la maladie ou du moins d'en limiter les effets, semblent inefficaces. Inopérantes. Les amendes et le huis clos, sont presque «adoptés» par les faiseurs de troubles. Et ne font du mal qu'aux vrais supporters et amoureux du football, les privant de la joie et de l'ivresse des gradins. Dire que les responsabilités sont partagées à tous les niveaux c'est, incontestablement, faire dans le ressassement. Les causes aggravantes ou encourageantes d'un phénomène à l'origine sociétal, sont tout autant d'éléments à observer de près. Les stades algériens, notamment ceux de la capitale, hérités pour la plupart de la période coloniale, ne sont plus aux normes requises. Autre cause amplificatrice : la télévision algérienne, aux méthodes encore archaïques à l'ère de youtube, est incapable d'assurer son rôle de service public. Et de façon équitable. L'animosité de certains supporters de clubs algériens envers l'Entv est loin d'être aléatoire. Au moment où les retransmissions, dans les pays du football, se font avec des dizaines de caméras et les moyens adéquats. Un remède pour la plaie de la violence dans les stades ? Faire autre chose que d'éterniser l'industrie des matchs à huis clos. Récemment, un exemple de sanction inédit nous est administré d'un pays tout aussi méditerranéen. Au lieu d'infliger une amende ou un match à huis clos au champion de Turquie en titre, la fédération a décidé d'interdire l'accès au stade aux hommes. Et d'offrir plus de 40 000 tickets aux femmes et aux enfants de moins de 12 ans. Il fallait «rappeler aux supporters la beauté et les valeurs du football !». M. B.