Photo : Riad Par Youcef Salami Le modèle actuel de consommation de l'énergie dans le secteur industriel est à repenser, parce que les gaz à effet de serre (GES) qu'il dégage ne cessent d'augmenter. L'Aprue les a quantifiés : ces gaz à problème pourraient atteindre à l'orée 2020 une production de 42%, si d'ici là, la tendance n'est pas inversée. Les mises en garde formulées par des experts de l'Agence nationale pour la promotion et la régulation de l'utilisation de l'énergie (Aprue), au cours d'une rencontre organisée la semaine dernière, à Alger, seront-elles prises en compte ? L'Aprue a en fait mesuré l'ampleur des dégâts : la consommation énergétique dans le secteur industriel qui est de 5,5 mtep (mégatonne d'équivalent pétrole) en 2012 augmentera à 7 mtep en 2018 puis à 8 mtep en 2020 (hausse de 45%), si les actions d'économie d'énergie ne s'accélèrent pas. L'émission de gaz à effet de serre, par conséquent, évoluera de 13 méq-CO2 (milliequivalent de CO2) en 2012 à 16,5 méq-CO2 en 2018 puis à 18,5 méq-CO2 en 2020. Ces prévisions ont renforcé la conviction des responsables de l'agence de changer le modèle actuel de consommation énergétique, et à multiplier les actions de prévention, particulièrement par la mise en œuvre de mesures de réduction des émissions de GES. Est-ce suffisant ? Les mesures que l'agence recommandent portent également sur le traitement des rejets industriels, la réhabilitation des sols et la protection des nappes phréatiques, la production de l'électricité par le gaz naturel et les énergies renouvelables ainsi que la réduction progressive de la part des produits pétroliers dans le bilan énergétique. Dans un contexte, où la demande d'énergie est appelée à augmenter dans les années à venir, le potentiel d'économie d'énergie devrait être exploité efficacement. Ce potentiel est estimé à 10 millions de TEP à l'horizon 2030, dont 32% dans le secteur industriel, 26 % dans le secteur du transport, 21% dans le secteur du résidentiel, 20% dans le secteur tertiaire et 1 % dans le secteur agricole. De manière générale, l'Algérie demeure en retard en matière d'efficacité énergétique par rapport à beaucoup de pays dont ceux voisins comme la Tunisie ou le Maroc. L'efficacité énergétique, l'on en parle moins, dans le milieu industriel. Pas plus que dans le résidentiel. Les lampes «classiques» à forte consommation énergétique restent toujours visibles. Celles à efficacité énergétique éprouvée le sont moins. Les ménages estiment souvent que les nouvelles lampes sont chères. Ils oublient souvent que la baisse conséquente de la facture de l'électricité amortit très largement le coût d'achat. Il reste toutefois à analyser profondément le marché algérien rongé par des produits contrefaits. L'Algérie reste toutefois un grand pays qui dispose de ressources, et qui essaye de développer des activités dans un ensemble de secteurs, tout en réduisant les gaz à effets de serre. Elle reste un marché potentiel beaucoup plus important que les marchés des pays voisins. Il n'y a, cependant pas, que les lampes à efficacité énergétique qui n'arrivent pas se rendre «visibles». Des équipements à efficacité énergétique, des matériaux de construction, l'on n'en parle pas assez. Et pourtant, ils seraient d'un important apport en termes de réduction de consommation d'énergie dans le résidentiel. Le recours à des procédés et à des matériaux de construction à efficacité énergétique peut générer jusqu'à quarante pour cent d'économie d'énergie, à condition d'en maîtriser les techniques, les coûts de réalisation et surtout d'introduire ces procédés dans les cahiers des charges. Du point de vue juridique, une loi se rapportant à la maîtrise de l'énergie a été élaborée en 1999. Dans la pratique, des projets pilotes en économie d'énergie ont été mis en route.