Le Yémen, l'un des plus pauvres de la Péninsule arabique, est en bute à une véritable guerre contre la branche locale de la nébuleuse islamiste Al-Qaïda qui contrôle de nombreuses zones dans le Sud sécessionniste. De violents combats ont lieu quasi-quotidiennement entre l'armée régulière, épaulée par des Comités de résistance populaire, et les terroristes islamistes depuis près d'un an. Ces violences se sont accentuées ces dernières semaines alors que le pays n'est toujours pas sorti de la crise politique qui l'a secoué au début de l'an dernier et qui avait abouti au départ de l'ancien président Ali Abdallah Saleh, qui a régné durant 33 ans. Au cours des deux derniers jours, les combats dans le sud du pays ont fait plus de 120 morts, majoritairement des rebelles islamistes, selon des sources sécuritaires officielles, reprises par les médias locaux. Une vingtaine de soldats et membres des Comités de résistance populaire ont aussi péri lors des ces combats qui se concentrent autour de la ville de Loder, assiégée par Al-Qaïda, dans la province sudiste d'Abyane, ont ajouté des sources tribales et militaires, sous couvert de l'anonymat. Les terroristes de la nébuleuse islamiste ont lancé plusieurs assauts sur les positions de l'armée aussi bien à Loder que dans d'autres villages du sud du pays où ils avaient réussi à s'implanter et étendre leur influence, profitant de la fragilité des autorités de Sanaa, également confrontées à la colère des chiites Zaïdites dans le Nord-Ouest. Un poste militaire, installé sur une route désertique reliant les provinces de Marib et de Hadramout, a été attaqué durant la journée d'hier à l'arme automatique. Les éléments d'Al-Qaïda tentent en fait de mettre la main sur le matériel de guerre, notamment les chars et les armes lourdes pour lancer de nouvelles attaques contre les positions isolées dans le vaste désert yéménite. L'armée a lancé un raid mardi, détruisant deux chars saisis par Al-Qaïda. Les 58 hommes d'Al-Qaïda tués lundi ont été transportés et enterrés dans les localités de Jaar de la province d'Abyane, de Houta et Azzan, dans la province de Chabwa, ont indiqué des sources au sein de l'administration locale. Les combattants d'Al-Qaïda, estimés à environ 300, cherchent, selon l'armée, à reprendre la ville qui constituerait, par sa topographie montagneuse, un abri naturel contre les raids aériens et les bombardements venant de la mer. Al-Qaïda a distribué mardi un communiqué dans le sud du Yémen, affirmant son intention de «prendre le contrôle de Loder». Cette ville est située à 150 km au nord-est de la ville de Zinjibar, chef-lieu de la province d'Abyane, contrôlée depuis près d'un an par les «Partisans de la Charia», un groupe affilié à Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa). Pendant longtemps, l'ancien président Ali Abdallah Saleh a utilisé le spectre de la menace d'Al-Qaïda comme une arme contre ceux qui demandaient son départ du pouvoir. La lutte contre la nébuleuse islamiste lui avait permis, pendant des mois, de se maintenir au pouvoir, bénéficiant du soutien tacite des Etats-Unis qui ont fait de cette organisation terroriste leur cheval de bataille pour envahir l'Afghanistan au lendemain des attentats du 11 Septembre 2001.