Les combats entre les deux Soudans se poursuivent pour la deuxième semaine consécutive à la frontière non encore tracée, alors que le Parlement de Khartoum a décidé hier de suspendre les pourparlers avec Juba et de rappeler sa délégation qui participe aux discussions à Addis-Abeba, a rapporté la radio officielle soudanaise. Les deux parties s'accusent mutuellement de provoqué les combats qui ont fait plusieurs dizaines de morts, autant de blessés et provoqué un exode massif des populations vivant à la frontière entre les deux Etats. La reprise des violences armées fait suite aux raids aériens que l'armée soudanaise avait menés fin mars dernier dans l'Etat de l'Unité (Soudan du Sud). Ces attaques avaient pris pour cible le champ pétrolier de Heglig que le Soudan réclame comme relevant de son territoire. Des sources locales affirment que l'armée du Soudan du Sud a repris le contrôle de plusieurs points stratégiques qui avaient fait l'objet d'attaques de l'armée et de l'aviation de Khartoum. Elle a même réussi à reprendre des positions sur le champ pétrolier de Heglig, situé à une cinquantaine de kilomètres de Bentiu, capitale de l'Etat d'Unité, mais à 15 km seulement de la frontière avec le Soudan. «La Spla (l'armée du Soudan du Sud) tient ses positions à Heglig et les bombardements continuent (...) il y a eu des bombardements toute la nuit», a affirmé Mac Paul, vice-directeur des renseignements militaires sud-soudanais. Les autorités sud-soudanaises accusent ouvertement Khartoum de chercher à déclencher une nouvelle guerre pour s'emparer des ressources pétrolières, dont plus de 80% sont situées dans le Soudan du Sud. «Khartoum pourrait chercher une vraie guerre (...) Si vous ne vous défendez pas, vous serez anéantis, alors vous devriez aller mobiliser la population sur le terrain pour qu'elle soit prête», a déclaré hier le président du Parlement sud-soudanais, James Wani Igga, repris par les agences de presse. De son côté, «Le Parlement a décidé d'arrêter les négociations et de retirer immédiatement la délégation d'Addis-Abeba», a rapporté Radio Omdurman, ajoutant que les mêmes sources ont annoncé une «mobilisation et l'état d'alerte» au sein de la population. Pour rappel, le président Omar el-Béchir avait émis le 26 mars un décret créant un comité de haut niveau pour la mobilisation. Au Soudan du Sud, la population s'est aussi mobilisée en cas de besoin. La suspension des pourparlers d'Addis-Abeba risque en fait d'encourager les violences si l'Union africaine, qui supervise le processus de paix dans la région, ne bouge pas pour convaincre les deux parties à revenir à la voie diplomatique pour régler tous les contentieux en suspens. Par ailleurs, des rebelles de la branche nord du Mouvement populaire de libération du Soudan (Splm, ex-rebelles sudistes) ont nié toute implication dans les combats qui se déroulent actuellement à la frontière entre les deux Soudan. L. M.