Synthèse de Badiâa Amarni «L'Assihar de Tamanrasset où des quantités de fruits exotiques à maturité et de cheptel vif ovin, bovin et camelin des pays frontaliers sont écoulées au détail, peut permettre le lancement d'infrastructures de transformation et de conditionnement de toutes ces marchandises, dont une grande partie est perdue en l'absence de ces infrastructures». Cette déclaration émane de M. Alaoui Aoufi, responsable de la Chambre de commerce et de l'industrie, et M. Dridi Gasmi, responsable de la Direction du commerce de Tamanrasset qui expliquent que «la création de ces PME/PMI est une proposition déjà formulée par le Comité d'assistance à la localisation et à la promotion des investissements et à la régulation du foncier (Calpiref) dans le cadre des projets soutenus par l'ANDI (Agence nationale pour le développement des investissements) et des différents dispositifs de crédits prévus pour les jeunes chômeurs».C'était à l'occasion de la 33e édition de l'Assihar que M. Gasmi a fait remarquer que des petites unités de production de jus, de confiture et autres pourraient être créées pour les besoins locaux et régionaux en utilisant des produits de régions riches en potentialités agricoles, comme celle de Tazrouk (à 3 heures de route de Tamanrasset). Le même cas de figure peut se présenter pour le cheptel vif en provenance des pays frontaliers. «Abattage et conditionnement pourraient en être réglementés à In-Salah», propose même le directeur du commerce. Toujours selon ces responsables, «la vieille tradition de commerce et d'échanges divers, ou le troc, qui existe entre l'extrême-sud algérien et les pays frontaliers, et qui atteint un pic annuel lors de l'Assihar de Tamanrasset, peut et doit ouvrir de nouveaux horizons économiques sous peine de se voir réduite à une simple survivance culturelle». Cette pratique commerciale réglementée par l'arrêté interministériel de 1994, est autorisée sur quatre wilayas de l'extrême-sud (Adrar, Tamanrasset, Illizi et Tindouf). Les deux responsables locaux ont cependant relevé que cette activité «a perdu de son importance économique depuis la création de la Caisse de péréquation des frais de transport». Car, expliquent-ils, «les produits des autres régions d'Algérie, arrivant en abondance et proposés à des prix raisonnables, ont fortement amoindri l'impact économique de l'Assihar sur la consommation locale». Il faut savoir qu'à l'occasion de l'Assihar, un enrichissement de la liste des produits autorisés à l'échange avec le Mali et le Niger est établie par l'arrêté interministériel de décembre 1994 pour quatre wilayas de l'extrême-Sud, à savoir Illizi, Tindouf, Adrar et Tamanrasset. Du côté du Niger et du Mali (ce dernier est absent cette année en raison de la situation qui y prévaut), des fruits exotiques (ananas, mangues, noix de coco, kiwis) et des légumes (oignons, ignames), des viandes (cheptel vif), des épices et parfums, du thé, du henné et des produits cosmétiques, des arachides et des tissus variés sont échangés contre des dattes sèches, du sel, des articles de literie et tapis, des objets en plastique et des articles électroménagers produits ou montés en Algérie. Les chiffres de la Direction du commerce de la wilaya font état de l'entrée de 1 211 tonnes d'arachides du Niger et 70,75 tonnes d'arachides du Mali, ainsi que 67,75 tonnes de mangues du Niger et 27 tonnes de mangues du Mali, pour l'exercice 2010. Le troc et avec tous les avantages qu'il peut garantir, peut servir à la création d'emplois et à la résorption du chômage dans les wilayas du Sud.