Photo : Riad Par Abdelkrim Ghezali Le coup d'envoi de la campagne électorale des législatives «constituantes» du 10 mai prochain est donné aujourd'hui. Quarante partis et des indépendants auront à sillonner le pays pour convaincre un électorat désabusé et las des mêmes scénarios, d'aller voter le jour J. D'autant plus que l'enjeu n'est pas seulement de dégager des urnes une Assemblée et un exécutif, mais surtout d'élire des députés qui vont élaborer la prochaine loi fondamentale qui va régir le pays. Serait-ce une nouvelle République en gestation ? A la lumière des enjeux annoncés, c'est le cas de le dire, pour peu que les électeurs de tous les courants politiques s'impliquent en force et ne laissent pas le champ libre à une mouvance de dominer l'hémicycle et de rédiger la future constitution comme bon lui semble. Une coalition électorale composée de trois partis islamistes appelée l'«Alliance Verte» promet des surprises et compte bien rafler la mise face à des courants éclatés. Démocrates, nationalistes et gauche partent en rangs dispersés alors que le spectre de l'abstention plane sur l'échéance du 10 mai. En effet, les électeurs semblent être sceptiques et leur confiance est érodée par des élus nationaux et locaux loin des préoccupations majeures des citoyens. D'autant plus que le gros des électeurs est composé d'une jeunesse en rupture avec les partis et leurs pratiques de la politique saisonnière. Ces derniers ne se rappellent des électeurs qu'à l'approche d'échéances électorales. Les candidatures monnayées au sein de certains partis ont donné la nausée aux électeurs qui s'interrogent sur les objectifs de candidats carriéristes. Ce que redoutent les électeurs en plus de ces considérations, c'est le risque de fraude à laquelle l'administration omniprésente est habituée. La présence en force d'observateurs étrangers, notamment d'ONG occidentales, va-t-elle rétablir une confiance entamée depuis longtemps ?Pourtant, parmi les milliers de candidats postulant à la députation, existent des femmes et des hommes qui ont des idéaux et des objectifs sains et nobles. Les dernières réformes politiques ont imposé des quotas pour les femmes qui, sans cette mesure coercitive, n'auraient jamais pu bousculer des mentalités rétrogrades qui visent à maintenir la femme dans un statut de citoyenne de second ordre. Donc, les jeux sont ouverts depuis ce matin et il revient aux partis et aux candidats de convaincre les électeurs de l'utilité d'aller aux urnes. Les thèmes de campagne seront marqués certes par les préoccupations des citoyens, à l'image de l'emploi, du logement, du développement économique de toutes les régions du pays, mais aussi par les projections que font les différents partis quant à la configuration de la prochaine constitution. Une rude bataille idéologique ne manquera pas de caractériser la campagne électorale et la décennie rouge planera tout au long des deux semaines à venir.