Avant chaque rendez-vous électoral, les citoyens font connaissance avec de nouvelles personnalités sollicitant leurs voix. La candidature à l'élection présidentielle est loin d'être monopolisée par un nombre réduit de personnalités. Pour preuve, on remarque que deux candidats sur les six qui ont été avalisés par le Conseil constitutionnel, n'ont jamais brigué le poste de président de la République par le passé. Il s'agit de Djahid Younsi et de Mohamed Saïd. Le premier se présente au nom du parti El Islah qu'il préside, alors que le second est candidat indépendant. La formation politique qu'il a fondée, le Parti liberté et justice, n'étant pas encore agréée par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. En ce qui concerne Moussa Touati, président du FNA, il est à sa deuxième «présidentielle». En 2004, son dossier n'a pas été retenu. Les trois autres candidats ont déjà subi le verdict des urnes avec des fortunes différentes. Abdelaziz Bouteflika, le plus aguerri de tous, brigue la magistrature suprême pour la troisième fois en tant qu'indépendant, soutenu par trois partis de l'Alliance (FLN, RND, MSP). Il est, en effet, président depuis 1999 et il est le plus expérimenté dans la course au palais d'El Mouradia. Les deux derniers chefs de partis politiques sont aussi des habitués de ce genre de compétitions. C'est le cas de Louisa Hanoune, porte-parole du Parti des travailleurs, plusieurs fois députée, et qui a déjà été candidate à l'élection de 2004. Elle y avait récolté 1% des voix des électeurs. Fawzi Rebaïne, président du parti AHD 54, a également sollicité le suffrage des électeurs en 2004. Son score a été en deçà de celui de Louisa Hanoune puisqu'il n'a eu droit qu'à 0,63% des voix. Les partis de ces deux derniers candidats sont déjà représentés à l'APN, enceinte dans laquelle le PT compte 26 députés et le AHD 54, 2 élus. La liste des nouveaux venus aurait pu être plus longue si ce n'était l'exclusion de certains candidats à la candidature par le Conseil constitutionnel, essentiellement pour ne pas avoir été dans la capacité de collecter un nombre suffisant de signatures. Cet engouement à vouloir solliciter les électeurs pour accéder au sommet de la pyramide politique a, au moins, le mérite d'éviter à l'Algérie de sombrer dans un phénomène tant décrié dans d'autres pays et qui est celui de la professionnalisation de la vie politique qui a le désavantage de couper des pans entiers de la société, de l'activité politique. Le revers de la médaille est que les candidats qui n'ont pas l'habitude d'évoluer dans l'arène politique risquent de voir leurs chances s'amincir. Dans une élection présidentielle, le programme électoral n'est pas dénué d'intérêt, mais la différence se joue sur la personnalité du candidat. Or, il n'y a pas pire situation qui pourrait desservir un candidat que l'absence d'une relation constante avec le citoyen, susceptible de créer des liens quasi affectifs. Il est évident que ce ne sera pas en l'espace de quelques semaines qui nous séparent de l'élection présidentielle que ce déficit de sympathie pourrait être comblé. Au vu des scores obtenus par certains candidats lors de l'élection de 2004, il est à craindre, à nouveau, que ceux qui sollicitent les électeurs pour la première fois ne soient dans l'incapacité d'enthousiasmer les foules pour se rendre aux bureaux de vote. La prime sera alors accordée inévitablement aux «vieux routiers» de la politique. C'est en ce sens que l'élection du 9 avril ne risque pas de se solder par une surprise. Néanmoins, la campagne électorale reste un moment privilégié pour faire entendre aux citoyens des discours contenant des choix politiques et économiques différents. Chose qui ne doit pas être réservée exclusivement aux campagnes électorales pour que les hommes et les femmes politiques se fassent connaître des citoyens et obtiennent peut-être leur confiance pour le prochain round.