Photo : Riad Par Younès Djama La grève générale lancée par le Conseil national des fonctionnaires de la justice, affilié au Syndicat national autonome du personnel de l'administration publique (Snapap), boucle sa première semaine, et toujours pas de réponse de la part du ministère de la Justice, a indiqué hier le porte-parole des greffiers, Mourad Ghedia. «Nous sommes toujours en grève, la tutelle n'a pas encore daigné répondre à nos sollicitations», s'offusque M. Ghedia qui accuse un «déserteur» du Snapap de mener une campagne parallèle en vue de parasiter leur mouvement et de le faire saborder. «Ce gars-là multiplie les communiqués en notre nom, au point que nous avons reçu des émissaires du ministre de la Justice avec qui nous avons refusé de discuter. Cet énergumène ne nous représente pas», tient-il à clarifier. Le débrayage des greffiers qui paralyse l'ensemble des Cours et tribunaux du pays, a gagné la sympathie des avocats qui ont réclamé le report de leurs affaires après que la tutelle eut voulu remplacer les greffiers grévistes par des huissiers de justice. Une mesure jugée «illégale» en ce sens que l'huissier n'est en aucun cas habilité à assurer une telle mission. Dès lors, les avocats, qui se disent solidaires des greffiers, ont refusé de plaider devant les huissiers. «Nous ne cautionnons guère ce procédé (remplacement des greffiers par des huissiers, ndlr) qui est tout à fait illégal», fait remarquer un avocat du Barreau d'Alger. «Nous soutenons les greffiers dans leur combat, comme eux nous ont soutenus par le passé dans notre lutte pour arracher nos droits», estime-t-il. Pour sa part, le Conseil national de l'ordre des avocats, tout en ne manquant pas d'afficher son soutien aux grévistes, n'en reste pas moins inquiet de la situation qui tend à durer. «Nous avons constaté que des audiences publiques ont lieu en l'absence de greffiers qui y sont habilités légalement et leur remplacement par des huissiers de justice qui ne bénéficient pas du statut juridique», constate l'Ordre des avocats, qualifiant la procédure d'illégale «que le Barreau ne cautionne pas». Pour les robes noires, «le recours aux huissiers de justice porte atteinte aux principales procédures judiciaires» pour la tenue des audiences tant près des Cours que près des tribunaux. Ne voulant pas prendre part aux «violations flagrantes», les membres de la défense refusent de plaider devant des collectifs illégaux. Le communiqué de l'Ordre des avocats souligne, en outre, que pour veiller au bon fonctionnement de la justice et garantir les droits des justiciables, «il faudrait trouver une solution dans les plus brefs délais». Lancé le 10 avril dernier, le débrayage des greffiers et corps communs du secteur de la justice intervient en réponse à la «sourde oreille» de la tutelle devant leurs revendications. Les grévistes revendiquent essentiellement leur intégration dans le secteur de la justice au même titre que le corps des magistrats pour ne plus dépendre de la Fonction publique, la révision de leur statut particulier ainsi que la prime de transport et de panier.