Photo : Riad Par Younès Djama Les cours et tribunaux du pays sont paralysés par une grève de trois jours, entamée hier par les greffiers et les corps communs à l'appel du Conseil national des fonctionnaires de la justice, affilié au Syndicat national autonome du personnel de l'administration publique (Snapap). Le service minimum est néanmoins assuré. Ce débrayage «largement suivi» selon le porte-parole du Conseil national des fonctionnaires de la justice, intervient en réponse à la «sourde oreille» de la tutelle. «Nous attendons la satisfaction de nos revendications consignées dans les deux PV signés le 22 février 2011 et le 7 avril 2012», souligne le syndicaliste précisant, par la même occasion, que ce débrayage «ne touche nullement au droit des travailleurs de prendre part aux concours internes». Le Conseil justifie le recours à la protestation par «la fermeture des portes du dialogue par la tutelle». De son côté, le ministère de la Justice a, dans une volonté de casser le mouvement, fait appel à des huissiers de justice pour assurer la mission des greffiers, une mesure jugée «illégale» par les concernés mais aussi par le corps des avocats. Ces derniers ont carrément demandé l'ajournement de leurs affaires, une manière aussi de se solidariser avec les grévistes, comme ce fut le cas lors du débrayage du mois de février. «L'huissier n'est pas habilité à assister aux audiences, il n'en est pas question !», souligne un avocat du barreau d'Alger, témoignant le soutien des robes noires aux revendications «légitimes» des greffiers. «Nous ne cautionnons guère ce procédé (remplacement des greffiers par des huissiers, ndlr) qui est tout à fait illégal», fait remarquer l'avocat. «Nous soutenons les greffiers dans leur combat comme eux nous ont soutenus par le passé dans notre lutte pour arracher nos droits», estime-t-il. Par ailleurs, et eu égard au contexte électoral (préparation des législatives du 10 mai, ndlr) choisi par les greffiers et autres corps communs du secteur de la justice, force est de dire qu'il n'est pas fortuit, en ce sens que les greffiers assistent les magistrats composant la Commission nationale indépendante de surveillance des élections législatives (Cnisel). «Conscients de la conjoncture actuelle et vu les circonstances géopolitiques internationales, nous nous sommes engagés à garantir le succès du prochain rendez-vous électoral surtout que nos cadres y participent activement à travers toutes les sous-commissions de supervision des élections», note le Conseil national des greffiers et corps communs du secteur de la justice. Nommé récemment ministre de la Justice par intérim en remplacement de Tayeb Belaïz (désigné à la tête du Conseil constitutionnel sur décision du chef de l'Etat), Ahmed Noui, ancien SG du gouvernement, est confronté à un véritable dilemme. D'autant que le contexte ne se prête guère à une gestion par la force, mais peut-être consentira-t-il à ouvrir les portes du dialogue. Les greffiers revendiquent essentiellement leur intégration dans le secteur de la justice au même titre que le corps des magistrats pour ne plus dépendre de la Fonction publique, la révision du statut particulier ainsi que la prime de transport et de panier…