Photo : Riad Par Ali Boukhlef Cela fait une semaine que la campagne électorale pour les législatives a commencé. Une campagne qui ne devait pas ressembler à celles qui l'ont précédée. Et pourtant !Une campagne spécifique pour une élection particulière. Il suffit de se rendre dans n'importe quel quartier d'Alger ou d'autres villes du pays pour se rendre compte que, finalement, la crainte des candidats et de leurs chefs se confirme. Le désintérêt est total pour cette élection. Il n'y a pas de sondage, c'est vrai. Mais l'image que donnent les tableaux d'affichage est éloquente : en plus du fait que rares sont les partis qui ont collé leurs affiches, les citoyens oscillent tous entre désintérêt et une forme d'agressivité. Partout, les affiches sont déchirées ou parfois déformées.«Ils sont tous pareils», s'exclame un vieil homme rencontré devant un tableau de la Grande-Poste, à Alger. Un autre jeune, croisé devant un tableau d'affichage à Bab El Oued, a abordé un tout autre sujet. Pour lui, ceux qui sont portés sur les listes «sont bien». Autrement dit, ils ont tous des postes d'emplois. Ce qui crédite, de plus en plus, la perception de mercantiliste que se font les citoyens des députés.Pendant ce temps, les chefs de partis sillonnent, eux, les villes et villages. A l'exception «des grands partis», les autres formations prêchent souvent dans le vide. Seuls Ahmed Ouyahia, Abdelaziz Belkhadem, les partis de la coalition verte, Louisa Hanoune et parfois Abdallah Djaballah, Moussa Touati et Amara Benyounès remplissent quelques salles. Et encore ! Puisque là aussi, certains observateurs s'interrogent sur la manière avec laquelle ces formations politiques acheminent les populations. Quant aux discours, il y a un point commun entre tous les partis, ils appellent tous les citoyens à aller voter «massivement». Les uns argumentent par «la nécessité de changement», d'autres parlent de «consolider» les acquis. Mais dans ce grand «souk» de changement, on peut trouver de tout. Du simple parti sans identité politique, jusqu'aux plus extrémistes des acteurs. De quel changement s'agit-il ? De celui de Louisa Hanoune qui appelle à nationaliser les entreprises privatisées ou de Amara Benyounès qui demande la privatisation de toutes les entreprises publiques ? Que prendre ? Le changement de Khaled Bounedjma qui n'a même pas une définition de «la justice sociale» ou celui de Abdallah Djaballah qui ne pense qu'à la Chariâ en croyant vendre un «Etat civil» ?Sur le plan économique, les discours des partis et de leurs chefs sont presque galvaudés. Tous parlent de chômage, de «justice», de la nécessité d'aider les jeunes et les microentreprises. Mais rares sont ceux qui disent comment il faut s'y prendre. Une manière de dire : «votez pour nous et on verra», comme l'a dit le chef du parti Infitah, Omar Bouacha. En tous les cas, les partis politiques (exceptés les deux partis de l'Alliance, à savoir FLN et RND) ont une autre cible commune : le pouvoir. Seulement, tout le monde (ou presque) s'arrange pour s'afficher avec le portrait du chef de l'Etat. Une drôle idée de changement.