Les tableaux d'affichage des listes électorales pour les prochaines élections législatives à Tizi Ouzou affichent néant. Un début de campagne pour le moins morose, puisque, trois jours après le lancement de la campagne électorale, les candidats restent encore méconnus du grand public. Depuis le lancement officiel de la compétition, seuls deux partis politiques, sur les 32 en lice, ont affiché leurs listes. Du côté de la population, les regards étaient moins charmés et moins rivés sur les murs, mais plutôt pointés vers les prix des fruits et légumes qui, eux, sont entrés en concurrence depuis plusieurs semaines déjà. “Ce n'est pas évident que les candidats passent avant les légumes, puisque les légumes c'est plus nourrissant !” ironise Mohand, la soixantaine. À chaque coin de rue, c'est un parti qui ouvre un local pour présenter ses candidats. “Voyez par vous-mêmes, à côté de chaque magasin d'alimentation générale, un bureau de vote fait son apparition. Ce n'est plus de la politique mais du commerce”, ajoute notre interlocuteur. Même constat dans les autres communes, où une absence apparente d'affiches ou de bureaux de parti ouverts est signalée. “En ce moment, les gens apprécient plus les couleurs des fleurs qui commencent à embellir les monts du Djurdjura que les couleurs des partis politiques qui ont totalement déserté l'espace public”, dira Kamel, nouveau bachelier. À Béjaïa, la campagne électorale peine à commencer. Seules deux listes sur les 42 en lice ont placardé leurs affiches sur les espaces réservés, mais pas seulement. Et, étonnamment, ce sont ces dernières qui ont été arrachées dans certains endroits de la ville. Il faut, sans doute, attendre les meetings des chefs de parti pour espérer susciter un tant soit peu l'intérêt du public, manifestement pas très concerné par cette joute électorale. C'est donc inévitablement avec les meetings, attendus des leaders charismatiques qu'une dynamique pourrait y être enclenchée. C'est, du moins, ce qu'espèrent les candidats. L'un des candidats a confié, hier, qu'il a personnellement interpellé les candidats FFS et FLN en tant que partis solides et rompus à ces rendez-vous électoraux. Réponse des concernés : “Tu crois que c'est facile.” En clair, personne n'ose, surtout lorsqu'on entend, çà et là, que la majorité des sections locales a décidé de geler son activité. Forcément, c'est avec l'entrée en campagne d'une Louisa Hanoune, d'un Ahmed Djeddaï — connu pour sa capacité à haranguer les foules —, d'un Ahmed Ouyahia, d'un Amara Benyounès ou d'un Abdallah Djaballah que les choses vont s'accélérer. Mais pas au point de renverser la tendance. L'abstention sera, comme le prédise le personnel politique à l'échelon local, très importante. Alors qu'on est censé être en pleine campagne électorale, la population manifeste un désintérêt total. Kocila Tighilt/M. Ouyougoute