Photo : Riad De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur
Les dispositifs d'emplois de jeunes n'arrivent toujours pas à endiguer le chômage. Beaucoup de jeunes ayant bénéficié de crédits ont échoué dans leurs projets et se retrouvent endettés.Ainsi, les jeunes sans assurance chômage, les plus démunis, dans la wilaya de Tlemcen, sont obligés de se tourner vers l'informel et le travail au noir, sans protection sociale. Cette situation touche aussi des pères de famille.«La plupart des travailleurs de l'économie informelle sont confrontés à de plus grands risques dont les accidents de travail et disposent de possibilités moindres que ceux qui sont employés dans le secteur formel. Ils travaillent sans assurance dans des cafés, des complexes industriels privés, sur des chantiers… et sont exposés au danger, comme ce fut le cas pour les cinq femmes qui ont été calcinées l'année derrière à Tlemcen lors d'un incendie qui s'est déclaré au sein d'une unité de production de textiles.La question récurrente, aujourd'hui, est de savoir si le secteur non structuré peut l'être à terme et constituer une amorce de développement. Nombre d'observateurs estiment que peu d'activités informelles ont les moyens techniques et financiers de se formaliser même si elles ne disparaissent pas pour autant avec le développement. En revanche, le secteur informel apparaît comme un véritable moyen d'apprentissage pour la création d'entreprises, un vivier d'emplois et une source de revenus. Selon des spécialistes, il faudra mettre fin à l'informel grâce à un ensemble volontariste, cohérent et complet de politiques et stratégies, que ce soit à Tlemcen ou ailleurs.A travers le territoire de Tlemcen, des centaines d'ouvriers, si ce n'est plus, perçoivent un salaire en deçà des espérances, chose qui rend difficile leur quotidien. A l'instar d'autres villes du pays, le travail non déclaré touche bon nombre de personnes et constitue, par conséquent, l'une des questions d'intérêt commun. Selon certains, le principal attrait de l'économie informelle est de nature économique, car ce type d'activité permet aux salariés et aux travailleurs indépendants d'augmenter leurs revenus et aux employeurs de réduire leurs coûts en échappant à l'impôt et aux cotisations sociales. Cela explique que le travail non déclaré peut avoir un impact considérable sur les finances publiques du fait des pertes qu'il implique en termes de recettes fiscales et de cotisations sociales. Face, cependant, aux travailleurs non déclarés et qui sont beaucoup plus exposés aux risques professionnels qu'un salarié, une opération de contrôle demeure efficace pour dévoiler cette exploitation.A Tlemcen, l'activité informelle a pris des proportions alarmantes. Nul ne peut imaginer l'ampleur de cette économie qui génère des milliers d'emplois. Cette dernière recouvre une ribambelle d'activités illégales à des degrés divers. Au niveau du chef-lieu de wilaya, des espaces urbains sont occupés par ces activités informelles, espaces qui existent d'ailleurs partout dans le territoire. Cette activité permet, certes, le gain facile pour tous, mais son ampleur a des conséquences importantes qui sont l'évasion fiscale et le travail au noir et qui pénalisent grandement ceux qui respectent les lois. En effet, les entreprises et les commerces doivent faire face à une concurrence déloyale et préjudiciable de la part de ceux qui ne respectent pas les obligations générales fiscales et sociales. De plus, la multitude de vendeurs à la sauvette, qui présentent toute une gamme de marchandises, finissent par instaurer des espaces où règne une très grande anarchie, ce qui contribue à la prolifération de toutes sortes d'agressions, vols, délits… ; alors qu'en face, des commerçants qui activent dans la légalité sont menacés de faillite.Les spécialistes s'interrogent et ne trouvent pas de moyens de lutte contre ce commerce informel, ses causes, combien de personnes concerne-t-il, ses conséquences, et surtout quelles solutions y apporter.En ce qui concerne les petits métiers clandestins, très répandus dans la région, il n'est, avant tout, qu'un moyen de survie. Ce phénomène dans la wilaya touche un nombre important dont des enfants en bas âge.Le secteur informel est un phénomène répandu, et ce phénomène prend une grande ampleur à telle enseigne qu'il occupe une part importante au sein de l'économie nationale constituant un employeur non négligeable. Faute d'initiatives et d'actions, la majorité des chômeurs, dont le nombre est sans cesse croissant, trouve les moyens de survie. De nombreuses activités marchandes génératrices de revenus et échappant au contrôle leur servent de support économique, et ce secteur accueille une population de plus en plus hétérogène composée de nouveaux diplômés qui n'arrivent pas à trouver un emploi bien rémunéré. Selon des observateurs, les politiques de l'emploi désignent, en général, les politiques de lutte contre le chômage. Elles dépendent au moins en partie de l'analyse que l'on fait de ce problème. Le chômage ayant souvent plusieurs causes, les politiques de l'emploi se sont multipliées dans de nombreuses directions. Dans la wilaya de Tlemcen, où le taux de chômage avancé serait de 20%, les diplômés qui n'ont pas la chance d'avoir des contacts pour un emploi, sont obligés d'aller vers le travail au noir. Aussi, est-il nécessaire d'améliorer et d'harmoniser les moyens de lutte contre le travail au noir, notamment en renforçant les contrôles et les sanctions. Car, ce phénomène est préjudiciable. Il est à l'origine de nombreux problèmes : menace pour la protection des travailleurs, distorsions de la concurrence au sein des branches économiques, pertes de recettes pour l'administration fiscale et les assurances sociales…Partout dans les rues, des jeunes vendent des cigarettes, cacahouètes et autres marchandises. Ce sont des dizaines, voire des centaines qui vivent de ces boulots. Les jeunes diplômés et chômeurs qui ne cessent de réclamer la justice sociale, finissent par déchanter. «Il vaut mieux fuir ce bled que de vivre dans de telles circonstances», diront des jeunes rencontrés devant leurs étals.Dans ce contexte, il est important de souligner que le chômage et la précarité poussent quotidiennement des jeunes à la délinquance. Ce qu'il faut, c'est une politique de cohésion pour mettre fin au calvaire qu'endure le chômeur, surtout le diplômé. «Nous voulons nous sentir dans un Etat démocrate, pourquoi ne pas penser à nous et nous donner la chance de montrer nos capacités ?», demande un diplômé. Eradiquer ou pour le moins juguler le chômage n'est qu'un projet qui attend toujours d'être concrétisé. Car les statistiques indiquent une réalité, mais le terrain en montre une autre.Cependant à l'approche des élections, une armada de candidats, qui font tout pour décrocher un fauteuil de député, multiplient les promesses. Les candidats soutiennent qu'ils veulent rendre service, défendre le bien commun, orienter l'économie au bénéfice de l'évolution sociale, établir la justice, offrir des logements et des emplois à tous. Mais au sein de la population, tout le monde en a marre d'avaler la même soupe depuis des années. «Nous voulons du changement», dira Boumediène, qui estime que seules les valeurs de la démocratie peuvent hisser haut la nation. De leurs côtés, trois diplômés, qui constatent une timidité sans ambiance de cette campagne, diront que tout le monde est las, puisque on n'assiste plus au développement mais à des projets d'esthétique, chose qui n'arrange pas les jeunes qui aspirent à un lendemain meilleur, notamment concernant l'emploi.Ali, enseignant, a tenu à affirmer qu'il boycottera les élections, et cela pour la première fois de sa vie, puisque aucune promesse n'a été tenue de la part de ceux qui se sont succédé au gouvernement. «Les citoyens s'attendaient à la réalisation des promesses électorales depuis la nuit des temps. Personnellement, je ne leur fais plus confiance, et j'évite même de regarder les affiches ou d'assister à des meetings. C'est une perte de temps», affirme-t-il. Beaucoup d'élus ont «juré» de redresser la situation en accordant des avantages aux jeunes, de soutenir et de promouvoir l'investissement, de créer des emplois, d'augmenter les salaires, etc. Or sur le terrain, c'est une autre réalité. «Une fois élu, le nouveau député savoure sa victoire, pour ne plus revenir que cinq ans après nous resservir les mêmes salades», tranche un retraité d'un air désolant. «Durant cette campagne, toutes les promesses sont faites, mais rien ne garantit qu'elles seront concrétisées. On a déjà vu et entendu ça, et rien ne dit que ça changera», poursuit son compère.