Photo : S.Zoheir De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Pour résoudre le problème de chômage qui a atteint un niveau insupportable dans la région de Kabylie, il faut d'abord passer par une réelle politique d'investissement, c'est ce que pensent les responsables locaux et la plupart des opérateurs économiques en difficile activité dans les localités abandonnées de cette région où des problèmes d'insécurité et autres obstacles au développement laissent perplexes des observateurs et acteurs de la société civile. On se demande parfois si quelque chose de plus sérieux ne se cache pas derrière les fameuses "contraintes" à l'investissement invoquées par l'administration pour justifier l'absence de développement économique de la région. A ce sujet, on pourrait citer les difficultés multiples que rencontrent les jeunes entreprises créées dans le cadre des dispositifs étatiques pour la résorption du chômage et le développement du secteur économique. Des microentreprises créées dans ce cadre (Ansej, Cnac et Angem) et organisées en Forum des promoteurs de jeunes entrepreneurs de la wilaya de Tizi Ouzou ont, en effet, lancé récemment un cri de détresse à l'adresse des autorités locales. «Le constat est amer, des milliers de petites entreprises sont plus que jamais menacées de faillite, si l'Etat ne prend aucune mesure d'encadrement et d'accompagnement au profit de leurs promoteurs», appelait au secours ce Forum dans un courrier rendu public en janvier dernier. Ces jeunes opérateurs économiques font face à diverses entraves dans l'accomplissement du processus de création de leurs entreprises et la concrétisation de leurs projets. Entre les obstacles administratifs et ceux liés au foncier et aux finances et autres casse-têtes en tous genres, le chemin est long et difficile. «Le marché est sous l'emprise d'une bureaucratie et d'une corruption qui étendent leurs tentacules à tous les secteurs de la vie économique du pays» , relève toujours le Forum des jeunes entrepreneurs qui demande l'arbitrage des services de l'Etat pour venir à bout de leurs problèmes. «Les marchés publics sont loin d'être à la portée des micro entreprises, le marché de sous traitance escamoté par des spéculateurs, l'absence d'une étude sérieuse du marché du travail, la défaillance notable des études techniques et économiques, l'absence d'accompagnement, l'information et l'orientation à quoi s'ajoute un harcèlement de la part des banques» ,écrivent les promoteurs dans leur diagnostic de la situation actuelle qu'ils qualifient au passage de (désastreuse) non sans signaler «une énorme difficulté à respecter leur tableau d'échéancier en raison du manque d'activité et de la masse pesante des charges (…), le manque de liquidités pour financer le cycle d'exploitation, l'inadéquation des flux monétaires entrants et sortants, le traitement lent des dossiers par les banques lors de la réalisation et lors de la certification des chèques et leurs conséquences via un deuxième tableau d'échéancier (intérêts intercalaires à la charge du promoteur), le retard dans le traitement des situations par les services concernés qui se répercute sur les pénalités à payer par les promoteurs déjà en situation financière désastreuse». Le forum en question a ainsi énuméré des propositions de sortie de crise qui éviteraient, selon sa propre conception, la mise à mort des jeunes entreprises. A cet effet, il suggère l'arrêt du harcèlement par les banques, la valorisation des études technicoéconomiques en prenant en compte le facteur de saturation et le fonds de roulement ainsi que la suppression des droits de dépôt des comptes sociaux pour les personnes morales, la création d'un fonds de solidarité avec les microentreprises, la réglementation de l'intégration des micro entreprises dans la sous traitance, la prorogation de la durée d'exonération d'impôts, l'accès au rééchelonnement de la dette sans variation du taux d'intérêt et la reconsidération des modalités d'octroi des locaux. Alors, a-t-on l'intention de juguler le taux de chômage qui dépasse le seuil de tolérance sachant que la relance chantée par les autorités locales passe par l'assainissement des conditions d'investissement dans la région de Kabylie ? Les sans- emploi représentaient 25,6% de la population en âge de travailler dans la wilaya de Tizi Ouzou, selon un taux officiel de chômage toujours dans la même wilaya rendu public en 2006 par une direction de wilaya. Un taux qu'on pourrait assimiler à un niveau politiquement correct et qu'on pourrait revoir facilement à la hausse sachant qu'en Algérie 73 % des chômeurs ont moins de 30 ans, selon des données officielles récentes de l'Agence nationale de l'emploi (Anem).