Les donneurs cadavériques sont les principaux donneurs d'organes et de tissus dans de nombreux pays. Ce qui n'est pas encore le cas de l'Algérie. Les choses commencent toutefois à bouger dans ce sens ces dernières années. Même si les réticences persistent. L'équipe du professeur Si Ahmed El Mahdi, chef de service de chirurgie et transplantation rénale au CHU Frantz- Fanon de Blida a réalisé, le 2 avril dernier, deux greffes rénales à partir d'un patient décédé suite à un accident de la circulation après accord de ses parents. Les deux reins prélevés ont bénéficié à deux patients dont l'évolution est satisfaisante à ce jour.Tous les services médicaux et les moyens du CHU de Blida ont été mobilisés pour réussir cette intervention délicate. Il s'agit de la deuxième intervention du genre réalisée par la même équipe médicale. Le professeur Si Ahmed a tenu à remercier le service d'immunologie du CHU Mustapha Pacha qui a contribué au bon déroulement de cette opération. Il a également estimé que « le grand mérite revient aux familles des défunts qui ont surpassé leur douleur et autorisé le prélèvement des organes de leurs enfants décédés ».Evoquant l'importance de sensibiliser la population au don d'organes, le docteur Kamel Bouzidi a souligné que «ce geste permet de sauver une vie et qu'il est perçu comme une charité permanente et le donneur sera récompensé par Dieu ». Il a rappelé que «l'Algérie a été le premier pays musulman à décréter une fetwa dans ce domaine ». De son côté, le professeur Si Ahmed Al Mahdi, a indiqué que «quelque 900 transplantations rénales ont été réalisées en Algérie depuis 1986 au niveau des structures hospitalières publiques, des chiffres qui demeurent, toutefois en deçà des besoins», dira-t-il. Il a ajouté que «ces greffes ne représentent que 10% de la demande réelle, précisant que ces opérations ont toutes été pratiquées à partir de donneurs vivants». D'où la nécessité de faire prendre conscience de l'intérêt du prélèvement d'organes sur les cadavres, sachant qu'il s'agit là d'une pratique encouragée par la communauté scientifique et la religion. Actuellement, plus de 7 000 patients sont sur la liste d'attente pour une greffe de rein. Cependant, seulement 25% d'entre eux ont un donneur vivant apparenté. Ainsi, le reste des cas ne peut être pris en charge que par des prélèvements sur des donneurs en état de mort encéphalique (mort cérébrale). Il faut savoir que la mort encéphalique correspond à la destruction irréversible du cerveau. Il s'agit d'un processus de nécrose ischémique du cerveau dû à un arrêt de la circulation sanguine, malgré la persistance d'une activité cardiaque. La mort cérébrale est donc assimilée à la mort de l'individu. Lorsque la mort cérébrale d'une personne est établie, il est encore possible, grâce notamment à la respiration artificielle et à d‘autres techniques de réanimation, de maintenir artificiellement en état de fonctionnement, pendant quelques dizaines d‘heures, les autres organes de cette personne pour effectuer le prélèvement d‘organes et sauver d'autres patients. Le développement de la greffe d'organes à partir de personnes décédées revêt une importance cruciale. Il est bon de noter que la transplantation rénale reste, de loin, la plus fréquente des greffes d'organes. Elle est réalisée chez les personnes en insuffisance rénale terminale, ne pouvant survivre sans des séances de dialyse, longues et pénibles. On compte plus de 14 000 patients dialysés à travers le pays et quelque 4 000 nouveaux cas d'insuffisance rénale enregistrés chaque année. A. B.