La situation au Mali se dégrade et le pays est en train de sombrer dans le chaos : des fusillades nourries ont éclaté hier à Bamako, pour la seconde journée consécutive, entre les militaires putschistes et des fidèles de l'ancien président Amadou Toumani Touré. Ces combats ont fait, selon l'ex-junte militaire au pouvoir -qui a annoncé sa maîtrise hier en fin de journée de la situation- au moins quatorze morts et 40 blessés. Lundi en fin d'après-midi, les forces restées loyales au président ATT, les bérets rouges, avaient mené pendant plusieurs heures des attaques contre le camp des ex-putschistes à Kati près de Bamako, l'aéroport et la Radio-Télévision nationale (Ortm), occupée par les partisans du chef de la junte, le capitaine Amadou Haya Sanogo, depuis le coup d'Etat du 22 mars dernier. Plusieurs heures d'affrontements ont eu lieu à la suite de ces attaques qui se sont terminés par le placement des engins blindés devant l'Ortm et à l'aéroport par la junte militaire, dont les hommes ont procédé toute la journée d'hier à la fouille des véhicules à la recherche des «bérets rouges». Ce qui semble confirmer que les combats contre les forces loyalistes ont tourné en faveur des ex-putschistes. Cette offensive qui s'apparente à une tentative de «contre-coup d'Etat» des fidèles à ATT, a lieu à peine trois jours après la décision des chefs d'Etat de la Cédéao de l'envoi d'une force régionale mais notamment après le rejet par le capitaine Sanogo, le chef de la junte militaire, des décisions de la Cédéao. Pour la junte, ces événements montrent que les contre-putschistes bénéficient de l'aide de combattants étrangers. Précisons que les pourparlers qui devaient avoir lieu hier entre la Cédéao et la junte malienne ont été annulés. Le ministre burkinabé des Affaires étrangères, Djibril Bassolé, médiateur de la Cédéao dans la crise malienne, qui a précisé que la Cédéao n'a toujours pas envoyé ses troupes sur le terrain, a affirmé que l'avion envoyé la veille pour chercher les délégués de la junte n'a pas été autorisé à se poser à Bamako, raison de l'annulation des pourparlers. Le ministre a ajouté : «En tant que médiateurs de la Cédéao, nous restons à la disposition pour poursuivre le dialogue, qui aidera le Mali à normaliser ses institutions politiques et à amener l'armée à se soumettre d'elle-même à l'autorité d'un gouvernement civil». Pour sa part, l'ex-chef de la junte, le capitaine Amadou Haya Sanogo, a tenu à rassurer hier que «l'accord-cadre (conclu le 6 avril avec la médiation burkinabé) demeure valable. Le Président est là, conformément à l'accord-cadre, le gouvernement demeure, l'Assemblée nationale, pareillement. C'était un problème interne qui est géré et qui n'a rien à voir avec l'accord-cadre». H. Y.