Photo : Riad Par A. Lemili Au vingtième jour de la campagne électorale, tous les partis politiques partant pour les élections législatives du 10 mai auront usé et abusé pratiquement des mêmes mots clés pour étayer leur discours. La nuance ne se trouvait alors que dans sa diction pour certains, sa percussion chez d'autres. Au trac de quelques premiers responsables de formations nouvelles a fait face, à la limite de l'arrogance, l'aisance avec laquelle les anciens à l'image du RND, FLN et du MSP, oint d'une alliance de conjoncture avec deux autres partis religieux, ont cherché à «refourguer» du boniment à des populations qui ne croient plus en rien. Mieux encore qui ne sont plus dupes.En dosant leur enseigne ou sigle de mots comme démocrate, jeunesse, espoir, national, lumière, nature, justice, développement adjoignant à la formule qui consiste à donner la meilleure opportunité à la femme de figurer dans les listes d'abord et occuper un siège, le cas échéant, les politiques se sont évertués en conclusion à parler énormément d'emploi et de logement, les préoccupations essentielles qui font aussi bien cauchemarder que rêver collectivement la jeunesse Algérienne. C'est dire donc la platitude d'une campagne électorale que d'autres ont voulu survoler, en faisant semblant d'en avoir la maîtrise, dans un discours politique de haut vol, évoquant les questions économiques, culturelles et sociales dans leur grande dimension mais sans apporter un quelconque éclairage sur les moyens d'y parvenir compte tenu, notamment, des agressions extérieures dues à la modification de l'environnement extérieur duquel l'Algérie ne peut se tenir en marge.Bien entendu, ce n'est pas en recourant à des promesses sur le logement ou l'emploi que la majorité des harangueurs de foule obtiendra un blanc-seing pour le 10 mai. Il y a lieu, en effet, de souligner que ces partis politiques sont bien loin d'avoir prêché devant des foules qui leur étaient acquises compte tenu, justement, de la préfabrication des publics ramenés à l'occasion de tous les meetings, sans exclusive, pour/par n'importe quelle formation politique. Le plus important aurait été alors d'imaginer la nature, voire la réalité de toutes ces rencontres avec la population, abstraction faite des supports humains venus de dechras, mechtas, villages, communes et wilayas voisines et parfois bien éloignées.Si le logement et l'emploi auront été les thèmes vecteurs récurrents tout au long de la campagne, l'ensemble des hommes politiques, à aucun moment et aucune circonstance, n'ont manqué d'affirmer leur proximité du chef de l'Etat, de sa bonne gouvernance. Cette bonne gouvernance qui depuis 1999 a ramené la stabilité au pays grâce à tous les projets politiques jusque-là impensables (pardon, concorde et réconciliation nationale), son essor économique, sa dimension internationale. Cette empathie très démonstrative avec Abdelaziz Bouteflika et son écho phénoménal auprès des masses est toutefois contrebalancée, jusqu'à la diabolisation, par les griefs faits à tous les gouvernements successifs qui l'ont accompagné tout au long des trois mandats. Griefs qui ne peuvent finalement être occultés au risque de ne pas apporter l'agressivité voulue et une consistance populaire, forcément démagogique, au discours et aux aspirations au changement radical souhaité dans le discours général. Il s'en est trouvé forcément parmi les responsables des partis qui, un cran au dessus, ont compris que la lucidité d'un discours aussi peu attractif peut avoir un effet contraire et drainer l'électorat. D'où l'idée de ne pas faire de promesses mais de s'engager à trouver des solutions à toutes les difficultés rencontrées par les citoyens avec leur contribution. Une manière comme une autre de les associer à ce sentiment général de culpabilité, les mettre face à leurs responsabilités et, le cas échéant, justifier une possible déconvenue pour ne pas dire un échec quasi annoncé pour la majorité d'entre eux (responsables) au lendemain des élections, si tel serait le cas. Des thèmes comme la culture, les nouvelles technologies, l'éducation, le sport, la santé, les handicapés, les privilèges de certaines catégories sociales, n'ont pratiquement jamais été évoqués. Autant dire encore une fois que seuls le logement et l'emploi ont servi à meubler toutes les harangues.