Car, depuis que la France s'est mise dans la tête de régler son compte à son ancien pourvoyeur libyen et que les révolutions tunisienne et égyptienne accouchent d'une configuration hybride où les islamistes sont devenus maîtres du jeu politique, dissoudre la menace terroriste dans une démocratisation débridée est devenu l'épouvantail des militaires US. Si Barack Obama s'est enflammé pour le “Printemps arabe”, que Clinton exige mordicus le départ de Kadhafi, le discours de Daniel Benjamin à l'ONU tranche sur les véritables craintes américaines quant aux conséquences sécuritaires des mutations démocratiques dans les pays arabes. Car, le responsable du contreterrorisme au département d'état n'y est pas allé de main morte devant les diplomates onusiens en demandant la criminalisation au plus vite du paiement des rançons en faveur d'Aqmi qui, pour Washington, est devenue une PME spécialisée dans les enlèvements. Après avoir longtemps occulté le fait que la crise en Libye pouvait avoir des répercussions terribles sur la scène sécuritaire, les experts américains semblent constater les dégâts d'un conflit qui profite, directement, à Al-Qaïda. Car, depuis que la France s'est mise dans la tête de régler son compte à son ancien pourvoyeur libyen et que les révolutions tunisienne et égyptienne accouchent d'une configuration hybride où les islamistes sont devenus maîtres du jeu politique, dissoudre la menace terroriste dans une démocratisation débridée est devenu l'épouvantail des militaires US. Il en est ainsi du CNT libyen qui est devenu la tête de pont de l'Otan dans la région, alimenté d'armes, de munitions, de conseillers techniques et d'argent qui, par la force d'un aveuglement occidental incompréhensible, va devenir davantage le problème que la solution. L'attelage conçu à Benghazi ne va pas résister aux contradictions idéologiques des factions qui le composent et, comme en Afghanistan, il est réellement à craindre que ce CNT, bric-à-brac, se “talibanise” au grand bonheur d'Aqmi. D'ailleurs, cela demeure un mystère qu'autant d'armes, de missiles, de lance-roquettes et d'armes offensives puissent être revendus, acheminés et refourgués aux groupes terroristes au Sahel sans que l'on parle de complicités des “démocrates” libyens et sans que cela émeuve Paris ou Londres. C'est de ce constat que semble partir l'analyse de l'expert Daniel Benjamin pour dire toute sa méfiance et son scepticisme de la situation en gestation aux portes de l'Afrique subsaharienne. On sait que Washington soutient du bout des lèvres l'opération libyenne et que sa réserve puise sa substance dans les risques de transformation d'une partie de l'Afrique en zone de combats au seul bénéfice des adeptes de Mokhtar Belmokhtar qui ne pense qu'à entraîner des états sahéliens trop faibles dans une spirale antiaméricaine sans fin.