A compter du 1er novembre, les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole réduiront leur production journalière de 1,5 million de barils. C'est la principale décision de la réunion extraordinaire de cette organisation tenue, hier à Vienne, sous la présidence du ministre algérien de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, à moins de deux mois de la dernière rencontre de l'OPEP en 2008 prévue à Oran. Dans un communiqué rendu public, l'OPEP n'a pas manqué de souligner l'ampleur de la baisse pour chacun des 11 pays membres soumis aux quotas. Seul l'Irak est exclu du système de quotas. Cette baisse, qui devrait être «proportionnelle» à la production de chaque pays, vise essentiellement à soutenir les prix du brut sans cesse en dégringolade depuis l'avènement de la crise financière internationale qui s'est soldée par un ralentissement sensible de l'économie mondiale. D'où la baisse de la demande et la chute spectaculaire des cours qui ont perdu plus de 50% depuis leurs sommets record de juillet dernier. En dépit des pressions subies, les membres de l'OPEP sont finalement arrivés à un consensus en décidant de réduire leur production de 1,5 million de barils/jour. Ces pays se sont même déclarés prêts à aller plus loin pour stopper la chute des prix. En effet, des responsables de l'OPEP ont affiché leur disponibilité de réduire encore la production si la décision prise hier n'arrêtait pas la chute des cours en cette période de crise financière. «La crise financière a déjà un impact manifeste sur l'économie mondiale, réduisant la demande d'énergie en général et de pétrole en particulier», explique à ce sujet l'OPEP dans son communiqué. Ainsi, face à cette chute qualifiée dans le communiqué de l'OPEP d'«effondrement dramatique, sans précédent tant en rapidité qu'en magnitude», c'est le début du cycle de réduction. D'ailleurs, le président en exercice de l'OPEP, M. Chakib Khelil, l'a même noté. Il a en fait déclaré qu'il pourrait s'agir du début d'un cycle de réduction des quotas. «Si une nouvelle décision doit être prise, elle le sera et nous n'attendrons pas forcément la réunion d'Oran [le 17 décembre prochain]», a-t-il annoncé au cours d'une conférence de presse organisée au terme de la rencontre de Vienne. Et d'ajouter : «Avec cette réduction, nous allons stabiliser le marché.» M. Chakib Khelil, pour qui la réunion était décisive, a également souligné que la baisse n'était pas «seulement de 1,5 mbj» mais de «1,8 mbj» d'ici «la fin de l'année» car «300 000 barils/jour sont déjà en train d'être» retirés du marché par les pays membres. Il a relevé dans ce sillage que les membres de l'OPEP, soumis aux quotas, allaient se montrer disciplinés et mettre en œuvre la baisse promise, même si cela doit, dans l'immédiat, réduire leurs revenus pétroliers. «Quel autre choix ont-ils ? Voir les prix baisser à des niveaux encore plus bas», a-t-il dit, précisant que l'Organisation ne s'était pas fixé de fourchette ou de cible de prix à défendre. A titre indicatif, la décision de limiter à 1,5 million de b/j la baisse de la production a été longuement débattue entre les pays membres de OPEP, d'autant que l'objectif étant de trouver un équilibre entre les besoins de leurs pays et ceux d'une économie mondiale qui se dirige vers la récession. Il y a, d'un côté, le Koweït et les autres pays du Golfe, pour lesquels un prix moins élevé n'a rien de dramatique et qui ont plaidé en faveur d'une réduction modeste des quotas de production, et, de l'autre, le Venezuela, l'Iran et la Libye dont les économies sont davantage tributaires des prix du pétrole et qui souhaitaient que la production soit abaissée de deux millions de b/j. Finalement, les deux parties ont joué l'équilibre en optant pour une réduction de 1,5 million de b/j. S. I. Répartition de la baisse des quotas de production de l'OPEP La baisse de la production de brut pour chacun des 11 pays membres soumis aux quotas est répartie comme suit : - Algérie 71 000 - Angola 99 000 - Equateur 27 000 - Iran 199 000 - Koweït 132 000 - Libye 89 000 - Nigeria 113 000 - Qatar 43 000 - Arabie Saoudite 466 000 - Emirats arabes unis 134 000 - Venezuela 129 000