Photo : M. Hacène Par Abdelkrim Ghezali Quarante-quatre partis et des listes d'indépendants ont investi une campagne électorale dominée par la quantité des candidats au détriment de la qualité des débats et des discours. Cette campagne électorale présentée comme un prélude à un changement qualitatif et profond, a été dominée par des discours démagogiques et populistes qui en ont occulté les enjeux majeurs à savoir la révision de la Constitution et la refondation de la République. L'enjeu préélectoral étant la mobilisation des électeurs pour une participation massive, les partis et les candidats, notamment les grosses cylindrées, ne se sont pas donnés les moyens d'un markéting politique à la hauteur de leurs soucis qui consiste à convaincre les électeurs à venir volontairement assister aux meetings pour les convaincre d'aller voter. A ce titre, la campagne était froide, plate et sans couleur ni forme de nature à en faire un événement populaire. Au-delà de cet aspect formel qui a son importance subliminale, les thèmes de campagnes abordés sont aussi éclectiques que la configuration future de l'APN. Les thèmes majeurs en l'occurrence, la révision de la Constitution, la refondation des institutions de la République et le mode de gouvernance devant rompre avec le clientélisme, le clanisme et le faux consensus, n'ont été abordés que par quelques partis qui ont des traditions de débats, de réflexion et de théorisation. La majorité des partis et des candidats indépendants n'ont pas de discours cohérent, ni desemblant de programme électoral viable. La démagogie, le populisme, les promesses irréalistes et l'indigence du discours décousu ont caractérisé le gros des interventions aussi bien dans les meetings que dans les médias lourds. Pourtant, bon nombre de ces partis et indépendants, vont bénéficier de voix en rupture avec la classe politique classique. Ces derniers vont favoriser, à travers leur présence, l'atomisation des voix des électeurs qui décideront d'aller voter le 10 mai, réduisant du coup les chances des grands partis d'avoir de larges marges de manœuvres dans la futur APN. Si les 35% de participation des législatives de 2007, seront largement dépassés, puisque les observateurs les plus avertis avance un taux de participation qui avoisinerait ou dépasserait de peu les 50%, aucun courant politique ne verra sa majorité sortir des urnes. La mode électoral, l'inflation des listes de candidats et le vote sanction plaide en faveur d'une APN sans majorité absolue. Cet état de fait, s'il venait à se confirmer au lendemain du 10 mai, obligera les différents partis et élus indépendants à former des coalitions parlementaires pour pouvoir gouverner et peser dans les débats et l'élaboration de la future Constitution. Même si la rue algérienne affiche son désaveu d'une classe politique qui n'a pas joué son rôle face aux attentes citoyennes, une bonne partie des électeurs ira voter pour différentes raisons. Le gros des électeurs aspire en premier lieu à la stabilité et l'éloignement du spectre de la violence qui a causé la tragédie nationale durant les années quatre-vingt-dix. Parmi cette catégorie d'électeurs, une partie votera pour les partis dominants la scène nationale à savoir le FLN, le RND, le MSP, le FFS, le PT et le FNA. Une autre partie parmi cette même catégorie, sanctionnera les partis de la coalition présidentielle dissoute et votera pour le FFS, le PT, le parti de Djaballah et ceux de Mohamed Saïd et Menacera. Une autre catégorie d'électeurs qui aspire à un changement radical est divisée entre tous les nouveaux partis, le FFS et les candidats indépendants. Ce sont ces derniers qui vont déterminer la configuration future de l'APN, car l'électorat islamiste, nationaliste et démocrate ne dispose pas d'une base structurée, stable et fidèle à son engagement. C'est à ce titre qu'il est difficile de se prononcer sur un pronostic approximatif et que ces législatives sont ouvertes sur tous les scenarii.