La maîtrise de la consommation d'énergie est un impératif de premier ordre des politiques énergétique et économique nationales, notamment dans le secteur de l'habitat qui représente, à lui seul, plus de 40 % de la consommation énergétique, presque exclusivement dépendant des énergies fossiles. Ainsi, une des mesures essentielles à prendre, serait la construction écologique ou passive, un concept permettant de composer avec le climat. Néanmoins, l'Algérie, selon des experts, bien qu'elle connaisse depuis bientôt une décennie un développement intense et soutenu du secteur du bâtiment et de la construction, que ce soit pour les grands projets de l'Etat ou les grands projets immobiliers (résidentiel, tertiaire), n'intègre pas réellement, les exigences des normes internationales en matière de performances énergétiques et environnementales.Ceci conduit, d'ores et déjà, à de grandes pressions sur les ressources (énergie, eau, matériaux, …) et des impacts importants sur l'environnement et ne contribue nullement au développement durable du pays, ni, au plan mondial, à la lutte contre le réchauffement climatique. Les spécialistes en la matière estiment, dans ce contexte, que la réalisation de logements efficaces énergétiquement, s'impose comme une nécessité impérieuse pour la maîtrise des consommations énergétiques. L'Algérie, suggèrent des experts, doit s'engager encore plus dans l'investissement lié au développement durable, et spécialement à la construction écologique. Lequel investissement pourrait être bénéfique pour le pays dans la mesure où des gains socioéconomiques pourraient être atteints, tels que la réduction de la facture énergétique des ménages et de l'Etat, et surtout la création des milliers d'emplois liés directement ou indirectement à la conception écologique. C'est dans cette optique que le projet Med-Enec, destiné aux pays de la Méditerranée, a lancé un appel à propositions pour des projets pilotes sur l'efficience énergétique dans le secteur du bâtiment. Ces projets pilotes, cofinancés par l'Union européenne et l'Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l'utilisation de l'énergie (Aprue), jouent un rôle important en matière de transfert de technologie et de savoir-faire. Le projet pilote vise la construction de 600 logements bioclimatiques dans 11 wilayas du pays à savoir Alger (50 logements), Blida (80), Skikda (50), Mostaganem (82), Oran (80), Sétif (54), Djelfa (80), Laghouat (32), El- Oued (36) et enfin Béchar et Tamanrasset (30) chacune.L'intérêt de cette initiative est de passer d'un logement «Energivore» à un logement de «Haute Qualité Environnementale» et de «Haute Efficacité Energétique» grâce à l'éco-conception et à l'introduction des principes bioclimatiques d'efficacité énergétique et d'intégration de l'énergie solaire. A titre d'exemple, le projet pilote Med-Enec de Souidania, privilégiant l'utilisation de matériaux locaux et de sources alternatives d'énergie, a été pensé afin de réunir ces conditions, du stade de la construction à celui de l'utilisation. Les résultats du projet ont démontré que la consommation énergétique du bâtiment a été réduite de 56 %, tout en mettant en valeur les techniques de constructions traditionnelles, souvent optimales en matière énergétique.Ainsi, l'utilisation d'adobes (briques de terre séchée), de la lumière naturelle, l'orientation optimale du bâtiment ou encore la ventilation naturelle en période estivale ont permis d'allier au sein d'un même projet les aspects culturel, écologique et économique.L'Algérie, selon le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Nourredine Moussa , s'est engagée, également, dans la construction de 3 000 logements dans le cadre du programme quinquennal (2010-2014). Afin de promouvoir et développer davantage l'économie de l'énergie dans le secteur de la construction en Algérie, il est important, selon le ministre, de créer un organisme de développement des modes de construction permettant l'économie d'énergie. «Il s'agit d'une réflexion avec les professionnels pour voir la possibilité de créer une entité chargée de l'éco-construction», a déclaré M. Moussa à la presse lors de l'inauguration du Salon international du bâtiment, des matériaux de construction et des travaux publics «Batimatec». Cet établissement prendrait la forme d'un centre ou d'un forum, a expliqué M. Moussa, affirmant que l'efficacité énergétique est «un enjeu d'avenir». B. A.