Les deux Soudan s'enfoncent de jour en jour dans la crise qui les oppose depuis des semaines à la frontière, alors que les inquiétudes augmentent au sujet de leurs économies respectives. Malgré les appels répétés des Nations unies et l'implication des Etats-Unis aux côtés de l'Union africaine pour apaiser les relations entre les deux pays, la situation au niveau de la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud demeure explosive. Hier encore, les autorités de Juba ont accusé les troupes militaires de Khartoum d'avoir tenté de provoquer de nouveaux affrontements en bombardant carrément des zones civiles du Soudan du sud, situées à la frontière avec le Nord. Ces bombardements constitue en fait une violation de la dernière résolution de l'Onu ordonnant au régime d'Omar El-Béchir de cesser les hostilités puisque l'armée sud-soudanaise a accepté de retirer ses troupes, notamment de Heglig, une région pétrolifère réclamée par les deux parties. «La République du Soudan a bombardé au hasard des zones civiles», a affirmé un porte-parole de l'armée sud-soudanaise, Kella Kueth. Les endroits ciblés par ces présumés nouveaux bombardements sont les Etats du Haut-Nil, de l'Unité et de Bahr el-Ghazal occidental. Des bombardements avaient déjà eu lieu jeudi dernier dans les mêmes régions. Khartoum a justifié ses attaques aériennes par son souci de protéger son territoire des attaques des mouvements rebelles du Spla-Nord, l'ancienne branche armée de l'ancienne rébellion séparatiste sudiste. Les autorités de Khartoum nient souvent avoir mené de telles attaques et étant le difficile accès à l'information, il n'est pas facile de vérifier les faits aussi bien pour les médias présents sur place que pour les observateurs de l'Onu et des organisations humanitaires. Mais au-delà de la véracité de faits imputés à Khartoum et aux accusations mutuelles sur les tentatives de chaque partie à chercher la guerre, la situation économique des deux pays est plus qu'alarmante. C'est la Banque mondiale (BM) qui tiré la sonnette d'alarme. «La Banque mondiale est profondément inquiète de l'impact, sur l'économie et le développement, des différents pétroliers non résolus et des conséquences sur les peuples tant du Soudan du Sud que du Soudan, surtout parmi les plus vulnérables», a indiqué cette institution dans un communiqué publié au milieu de la semaine. «Vu les conditions de vie extrêmement difficiles que rencontrent les populations au Soudan et au Soudan du Sud, l'analyse économique de la Banque mondiale montre sans ambiguïté qu'il est dans l'intérêt des deux pays de reprendre les pourparlers de manière urgente», a encore ajouté le texte de la BM. Hier, Khartoum a indiqué que le conflit pétrolier entre les deux pays, sur le droit de passage de l'or noir, a coûté au Soudan 2,4 milliards de dollars. «Nos pertes en raison de l'absence d'accord avec le Soudan du Sud sur l'utilisation de l'oléoduc s'élèvent à 6,5 milliards de livres soudanaises», a déclaré devant le Parlement le ministre des Finances soudanais Ali Mahmoud al-Rasoul. Le climat d'instabilité entre les deux parties affecte aussi le Soudan du Sud où tout est à faire sur le plan économique. L. M.